Scénario pour Reign of Steel.
Les références RoS renvoient aux pages correspondantes de GURPS Reign of Steel.
Ce scénario se déroule dans la Zone Paris (RoS 34/36). Les personnages, a priori tous humains, sont membres d’une des quarante brigades de combat qui constituent les Brigades de Libération (RoS 36). Ils se cachent dans les Pyrénées (anciennement) françaises, survivant tant bien que mal dans ce terrain montagneux d’où l’IA Paris et ses robots n’ont pour l’instant jamais vraiment cherché à les éradiquer pour terminer ce qui avait été commencé avec la décapitation du mouvement (RoS 36).
Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin…
Je suivais l’autoroute, en direction du sud
Toute la brigade (combattants comme non-combattants) dont font partie les personnages nomadise dans « la plaine » (vers les ruines d’une ville moyenne comme Tarbes ou Saint-Gaudens, selon l’endroit où elle se trouvait précédemment). Leur quotidien consiste en ce perpétuel mouvement, à la recherche de ressources (nourriture, médicaments, etc…) tout en évitant d’être repérés par des robots.
La brigade, commandée par le capitaine Aufort (à moins qu’un PNJ occupant cette fonction n’existe déjà, dans le cadre d’une campagne en cours), vient de ravitailler dans les ruines de la ville et s’apprête à en repartir pour aller se cacher dans un endroit plus sûr. Les personnages ont été envoyés en éclaireurs au devant du gros de la troupe, afin de repérer les robots pouvant se trouver sur l’itinéraire, et éventuellement de les éliminer, ou de trouver un moyen de les contourner. Suivant le réseau routier tout en se tenant prêts à vite se planquer dans les broussailles ou les ruines qui le longent, ils arrivent au niveau d’un échangeur routier permettant d’accéder à la rocade qui contourne l’agglomération, quand ils repèrent un voyageur humain. L’homme est probablement un survivant nomade qui circule en solitaire de ville en ville (ou plutôt, de ruines en ruines) à la recherche de sa subsistance, tout en s’évertuant à ne pas se faire remarquer par le moindre robot. Malheureusement pour lui, cette fois-ci c’est raté : car depuis leur point d’observation, les personnages ont également remarqué des robots exterminateurs de type Stalker (RoS 78 ; leur nombre dépendra de la puissance de feu des PJ, qui doivent pouvoir en venir à bout sans trop de difficulté) qui circulent sur une chaussée surélevée et l’ont apparemment repéré eux aussi. Le groupe de robots se sépare, une partie se dirigeant vers une bretelle qui leur permettra d’arriver face au vagabond ou de lui tendre une embuscade, un dernier robot grimpant sur la rambarde en béton et se préparant visiblement à mettre l’homme en joue.
Si les personnages n’interviennent pas, le solitaire est froidement abattu par les Stalkers, qui reprennent ensuite leur route vers le nord (à l’opposé de la direction que les PJ doivent suivre), laissant le cadavre sur l’asphalte craquelé. S’ils interviennent, ils peuvent éliminer les robots, mais pas avant que l’inconnu ne soit mortellement blessé par le tir d’un des exterminateurs : malgré toutes les tentatives de soins que feront éventuellement les personnages, il finira par succomber.
En fouillant le mort, les PJ mettront la main sur une vieille carte Michelin sur laquelle figure l’agglomération toulousaine, avec de nombreuses annotations (principalement des symboles plus ou moins stylisés : danger, robots, etc…) portées au marqueur. Au verso de la carte a été écrit un message codé (le code utilisé est un code qui était en usage dans les Brigades de Libération du temps du colonel Charet ; les personnages seront donc peut-être capables de le déchiffrer, et leurs supérieurs y parviendront assurément : il permet de comprendre que la carte indique l’emplacement d’une robofac produisant des armes anti-robots).
On voudrait un bel Léthé
Mettre la main sur un tel matériel (en espérant qu’il puisse être utilisé par des humains) serait une aubaine pour les Brigades de Libération ; aussi, s’il est informé par les personnages, le capitaine Aufort leur confiera t-il la mission de se rendre à la robofac dans l’agglomération toulousaine, de repérer soigneusement les lieux, et d’en ramener autant de ces armes que possible.
Le capitaine espère pouvoir détourner plus ou moins régulièrement les armes sortant de l’usine, d’où l’importance revêtue par la phase reconnaissance de la mission confiée aux personnages : il s’agit de repérer les moyens d’accéder à l’intérieur de la robofac et la façon dont les armes en sortent. Se contenter de dérober des armes avant de saboter l’usine serait un semi-échec à ses yeux (d’autant que, même s’il ne le sait pas, saboter une robofac ne détruit pas les capacités de production des IA (RoS 89 tout en haut)).
Si les personnages ne fouillent pas l’inconnu, ne prennent pas la carte, et/ou ne la ramènent pas à leur chef de brigade, Aufort aura découvert les mêmes informations ailleurs dans les ruines et leur confiera la même mission… mais sans carte détaillée, uniquement avec un simple plan imprécis, griffonné sur une feuille de papier.
Comme la brigade pour sa part va continuer son nomadisme, le capitaine Aufort confie aux personnages un poste de radio à ondes courtes (RoS 67) au moyen duquel ils pourront contacter leurs compagnons d’armes, et savoir comment les retrouver le moment venu.
Pourquoi l’IA Paris produit-elle des armes anti-robots ?
Les personnages l’ignorent, bien entendu, mais le MJ voudra probablement le savoir : elles sont destinées à être expédiées en Afrique du Nord, pour lutter contre les robots exterminateurs de la Zone Zaïre, lorsqu’ils violent la frontière saharienne en poursuivant des fugitifs humains (RoS 35). Il s’agit de missiles Léthé autoguidés destinés à être lancés depuis des tubes montés sur le châssis de robots lourds ou sur des infrastructures fixes, mais moyennant quelques adaptations, des humains pourraient les mettre en œuvre eux-mêmes. Ces missiles sont pourvus d’un système de guidage plus performant que la plupart des modèles concurrents. Il sont conçus pour être tirés au moyen de tubes spécifiques, mais il serait possible à quelqu’un de compétent en la matière de bricoler un autre système de mise à feu.
Léthé dans la ville rose
L’agglomération toulousaine comportait environ 900.000 habitants dans le milieu des années ’90, ce qui correspondait à un potentiel pour neuf robofacs (RoS 89 et 107). Celle qui intéresse les personnages se trouve au sud-est, en bordure du canal du Midi (utiliser le plan de robofac complex (RoS 89) en remplaçant le maglev train par le canal ; le bâtiment 2 devient une installation de chargement pour les péniches, avec des grues sur des portiques enjambant le canal). Les péniches une fois chargées suivent le canal vers l’est, jusqu’au port de Sète où leur cargaison est embarquée sur des navires à destination de l’Afrique du Nord.
Le trajet jusqu’à Toulouse représente un voyage d’environ cent à deux cents kilomètres, selon l’endroit précis où se trouvent les personnages. Cette phase du scénario sera pour l’essentiel banale : il faut circuler en évitant de se faire repérer par des robots, ou par des moyens de surveillance aérienne ou satellitaire, ce qui est en quelque sorte le quotidien des survivants humains dans la Zone Paris.
Des survivants, justement, il y en a peu dans la région : quelques junkrats qui pour la plupart préfèreront se cacher à l’arrivée d’un groupe d’individus armés et apparemment en pleine possession de leurs moyens. Des signes de leur présence seront visibles (restes de feux, reliefs de repas, latrines, etc…) et indiqueront aux personnages qu’ils ne sont pas seuls dans les ruines qui longent la route.
Éventuellement, un petit groupe déterminé (ou inconscient du danger ?) pourrait tenter de s’en prendre à un personnage isolé, perçu comme une source de richesse (son équipement) et… de nourriture.
Il n’est pas exclu non plus que les personnages parviennent à lier un contact amical avec un junkrat (par exemple en le secourant alors qu’il est en mauvaise posture : face à un robot, tombé au fond d’une cave sans moyen d’en sortir tout seul, etc…).
En approchant de l’agglomération toulousaine, les signes de la présence de junkrats vont se raréfier : s’ils le remarquent, les personnages mettront peut-être ce changement sur le compte d’une plus grande concentration robotique, ce qui est en partie exact ; mais la raison principale en est que le virus Ebola Zaïre B (RoS 112) sévit de façon endémique dans la zone.
Si les personnages n’entrent pas en contact avec d’autres humains, ils n’ont que peu de risques de contamination. En outre, la maladie étant généralement mortelle et aucun traitement n’étant efficace, il est préférable qu’ils ne la contractent pas à leur insu et par la simple volonté du MJ. En fait, l’idéal serait sans doute qu’ils s’imaginent qu’il n’y a personne dans les faubourgs de l’agglomération à cause de la présence de robots exterminateurs, ce qui semblerait dans un premier temps confirmé par quelques rencontres avec des Stalkers, voire un Tarantula (RoS 77/78) ou un Hoplite (RoS 76/77). Faites leur alors découvrir une famille de junkrats faméliques, cachés dans une cave ou autre recoin et visiblement terrifiés par leur arrivée. Si les personnages tentent d’engager le contact, ils découvriront plus ou moins rapidement que plusieurs de ces malheureux présentent les symptômes d’Ebola Zaïre B à des stades plus ou moins avancés (par exemple, lorsque le patriarche sera pris de tremblements et de violentes quintes de toux, expectorant du sang avant d’agoniser brutalement), et, la nature paranoïaque des joueurs prenant alors très certainement le dessus, ils devraient fuir tout contact avec des étrangers (y compris ces jeunes enfants si attachants avec lesquels certains d’entre-eux jouaient quelques instants auparavant) et craindre d’avoir été contaminés (ce qui à ce stade n’est pas encore le cas ; mais maintenant qu’ils sont au courant de la maladie qui rôde en ces lieux, s’ils ne prennent pas les précautions élémentaires qui s’imposent, vous pouvez désormais sans remords leur faire contracter le virus).
Si les personnages évitent le contact avec les junkrats, ils tomberont sur un malade agonisant et assisteront à ses derniers instants. Le but est simplement de leur faire prendre conscience du fléau invisible qui sévit dans ces lieux.
Attention, il est possible qu’ils doivent repasser par cette zone contaminée au retour…
Les tubes de Léthé
Plus les personnages s’avanceront dans ce qui reste de l’agglomération et plus il leur faudra faire attention, les robots en tous genres devenant de plus en plus nombreux. Pénétrer dans la robofac ne posera pas de problème particulier : la sécurité du périmètre est assurée par de simples Rovers (RoS 75) ; mais si ceux-ci sont mis hors d’état de fonctionner, d’autres robots seront envoyés pour voir ce qui se passe : une fois de plus, la subtilité et la discrétion seront préférables à la force brute…
Les missiles, après leur assemblage à la chaîne (bâtiment 3 sur le plan), sont conditionnés dans des conteneurs de 200 kg (contenant douze missiles Léthé), stockés dans un entrepôt près du canal (en 2 sur le plan). Lorsqu’une cargaison complète a été fabriquée, une péniche est chargée, puis part en direction de Sète.
Une autre chaîne produit les tubes lance-missiles, sous la forme d’orgues de Staline (de trois tubes sur quatre) : un exemplaire complet (avec ses fixations et son conteneur) pèse environ 80 kg. Les tubes sont produits en quantité bien moindre que les missiles, et chaque péniche n’en emporte que quelques-uns.
Sortir des missiles ou des tubes de l’entrepôt est possible, mais encombrant, à moins de disposer d’un robotruck (RoS 85), auquel cas le principal problème sera le franchissement des points de sécurité installés sur les routes entrant et sortant de l’usine.
Les personnages pourraient avoir l’idée de charger les armes sur un robotruck sortant du site à la place de sa cargaison normale, et de le détourner en piratant son cerveau robotique une fois loin de Toulouse.
Une autre solution serait de s’emparer d’une péniche : il est relativement aisé de se dissimuler à bord avant le départ du site. Cela passe bien évidemment là aussi par le piratage du cerveau qui contrôle l’embarcation. Comme la péniche ne pourra pas quitter le canal, cela implique aussi de décharger la cargaison à un endroit propice et de la convoyer ensuite par voie terrestre. Évidemment, le cerveau de la péniche ne se laissera pas faire, et tant que les personnages ne l’auront pas contrôlé ou détruit, il utilisera tous les moyens à sa disposition pour tenter de s’en débarrasser : bras manipulateurs, palettier mobile, etc…, tout en donnant l’alerte par radio, ce qui attirera dans un premier temps deux Vultures (RoS 76).
La fin de Léthé
Il est peu probable que les personnages parviennent à détourner durablement à leur bénéfice la production de la robofac (s’ils y parviennent, ce qui n’est pas impossible, et si cela dure, le port de Sète s’inquiétera de ne plus recevoir de cargaisons, et une enquête sera diligentée (s’ils remplacent la cargaison par une autre, ce seront les destinataires nord-africains qui se plaindront lorsqu’ils constateront que la marchandise reçue n’est pas celle attendue, et le délai sera donc plus long)). Mais s’ils sont suffisamment bien organisés, et en faisant au besoin appel au reste de leur brigade pour récupérer les missiles volés et les évacuer rapidement vers des caches d’armes, ils devraient parvenir à s’emparer d’une quantité d’armes qui permettra aux Brigades de Libération de mener quelques beaux coups contre les forces de l’IA Paris.