Kro en résumé : Le Hobbit

Longue trilogie cinématographique de Peter Jackson, adaptant Bilbo le hobbit, un livre pour enfants pourtant pas si épais que ça

Le Hobbit : Un voyage inattendu
The Hobbit : An Unexpected Journey
2012hobbit1Ce premier volet de la trilogie, qui va jusqu’au moment où les aigles qui les ont sauvés de l’attaque des orques déposent leurs passagers, est à lui seul beaucoup trop long : 2 h 49 mn.
Je ne vous détaille pas l’histoire, vous avez lu le bouquin et vu les films.
Je n’ai plus de souvenirs très précis du roman, mais suffisamment quand même pour me rendre compte que Peter Jackson a, non seulement amplement délayé, mais rajouté des tas de trucs avec plus ou moins de bonheur (franchement, les scènes avec Radagast (qui frisent bien souvent le ridicule), il aurait pu s’en passer). Le film a aussi parfois le cul entre deux chaises, entre la grande épopée digne du Seigneur des anneaux et le film d’action à grand spectacle dont Indiana Jones n’est qu’un tout petit représentant (la poursuite dans les cavernes des gobelins) ; sans parler du comique de répétition pour initiés (avec Gandalf qui passe son temps à dire aux nains « Fuyez ! », et les qualifie parfois de « pauvres fous »).
À part Thorin, on s’y retrouve encore moins parmi les nains que dans le bouquin (au moins dans le bouquin on pouvait éventuellement imaginer un physique correspondant à tel ou tel nom ; là, on nous impose des visuels sans vraiment nous permettre d’en mémoriser les noms : il y a bien deux ou trois nains qui ont une tronche suffisamment reconnaissable pour qu’on les distingue de la masse des autres, mais ils n’ont pas plus de nom que leurs comparses pasque le film ne fait pas l’effort de nous les présenter posément).
Les monstres ont des sales gueules, mais ne sont pas à mon goût : trop différents de l’imaginaire personnel que je me suis créé à la lecture du bouquin. À part éventuellement Gollum, qui a le même aspect que dans les films du Seigneur des anneaux. Mais le reste, orques, gobelins, trolls, je dis bof, bof, bof. L’espèce de cerf géant qui sert de monture au roi elfe n’est pas terrible (sans que je parvienne à mettre le doigt sur ce qui me gêne à son propos). Les géants ne sont pas du tout comme je les imagine, mais ils sont corrects. Les aigles et les ouargues sont eux aussi corrects, par contre (je ne ferai pas de commentaire sur les lapins ou les hérissons de Radagast). Et côté décors, j’aime bien le smial de Bilbo (enfin, là c’est Bilbon, comme dans le Seigneur des anneaux).
Au chapitre des regrets, il y a encore le fait que la V.F. n’est pas toujours conforme à la traduction du bouquin ; ce qui, quand on a quand même des bribes de souvenirs de dialogues du livre, est décevant.

Le Hobbit : La désolation de Smaug
The Hobbit : The Desolation of Smaug
2013hobbit2Le second film va de l’arrivée des nains chez Beorn (avec sur leurs talons les orques précis auxquels les aigles leur avaient permis d’échapper à la fin du précédent film : faut croire qu’entre les deux, ils étaient retournés les chercher (et ce n’est hélas pas la seule incohérence temporelle du film (ni d’ailleurs de la trilogie), et encore moins la seule incohérence tout court du film (ni d’ailleurs de la trilogie)) : apparemment, la Terre du Milieu, ça doit être tout petit et tous les lieux doivent être serrés les uns à côté des autres, mais comme les nains ont de courtes jambes, c’est les seuls à qui il faut du temps pour aller d’un point à un autre) à l’envol de Smaug pour Lacville.
Je ne tiens pas deux heures sur un film comme ça (non, ce n’est pas de ma vessie que je parle). Cela dit, ce volet là est plus rythmé, plus « enlevé » que le premier, et donc plus supportable.
Smaug est pas mal, mais ils ne lui ont fait que quatre pattes (les ailes sont sur les pattes avant), et ça n’est pas conforme à ce que j’imagine ni à ce qui est représenté habituellement (je me demande ce qu’en écrivait Tolkien).
Globalement, cet épisode est potable, et meilleur que le premier, à quelques points près. D’abord, on nous y colle Legolas, qui ne figurait pourtant pas dans le bouquin (et dont l’acteur a (inévitablement) vieilli depuis, puisqu’on est dix ans après Le retour du roi, alors que l’action se déroule plusieurs décennies plus tôt), ce qui nous impose de subir des scènes de cascades à grand spectacle mais faible crédibilité (pour rester poli) avec ce personnage (la baston contre les orques pendant que les nains s’échappent dans les tonneaux, par exemple). Ensuite, l’introduction d’un personnage majeur totalement absent des textes de Tolkien, l’elfe Tauriel, introduction sur laquelle j’ai un avis mitigé : d’un côté, je comprends l’intérêt pour le public d’un rôle féminin dans l’histoire, dans laquelle sinon il n’y aurait que des mecs (comme c’est le cas dans le premier volet, à part quelques passages courts et mineurs avec Galadriel) ; mais d’un autre côté, ça s’éloigne encore plus du bouquin, et qu’est ce que ça apporte à l’histoire au final ? Une idylle interraciale potentielle rendant Legolas jaloux ? C’est un peu court je trouve.
Un autre truc qui m’a gonflé, c’est les scènes de baston avec Legolas et/ou Tauriel : on se croirait dans un film d’arts martiaux moderne.
On parvient à mettre un nom sur certains des nains autres que Thorin : Balin, Bombur et Kili.
Dans l’ensemble, ce film est correct ; mais comme c’est le milieu de la trilogie, il ne peut guère être regardé isolément.

Le Hobbit : La bataille des cinq armées
The Hobbit : The Battle of the Five Armies
2014hobbit3Le dernier volet, fort heureusement plus court que les autres (il dure quand même 2 h 24 mn), couvre la partie allant de la destruction de Lacville par Smaug au retour de Bilbon chez lui.
C’est un film à grand spectacle mais sans grande cohérence (par exemple et pour n’en citer qu’une flagrante, d’où sortent les bouquetins servant soudain de montures à Thorin et compagnie ?), avec son lot d’excès vraiment excessifs autour du personnage de Legolas (la scène où il gravit les pierres en train de tomber dans le vide d’un escalier est du grand n’importe quoi ; et là encore, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres).
La bataille du titre emprunte visuellement beaucoup à Warhammer (à commencer par le roi nain Dain, rouquin à crête armé d’un marteau de guerre et monté sur un cochon). Évidemment, les mange-terre (dont j’ignore s’ils étaient ne serait ce que mentionnés dans le bouquin) rappellent plutôt Dune (ou peut-être les mongolian death worms ?). Et le Beorn parachutiste aurait dû s’écraser lamentablement en arrivant au sol.
On peut voir un joli mur de boucliers nains (par contre, le coup des elfes qui bondissent par dessus pour aller attaquer les orques alors qu’ils avaient dit qu’ils laissaient les nains se massacrer (et que donc, vues les circonstances, il n’y avait aucune raison que l’armée naine les laisse passer), ça n’est qu’une incohérence supplémentaire).
Et j’ai pu mettre vaguement le doigt sur ce qui me gênait avec le cerf servant de monture au roi elfe Thranduil : ça n’est (au moins sur certains plans) qu’un cheval déguisé.
Le générique de fin, sur fond de croquis, est joli.
C’est dommage qu’il y ait plein d’incohérences dans le déroulement des évènements, pasqu’en dehors de ça c’est un film à grand spectacle fort regardable.

En conclusion, cette trilogie est bien moins fidèle au bouquin qu’elle est censée adapter que ne l’était la précédente (celle du Seigneur des anneaux). Les ajouts plus ou moins gratuits de Peter Jackson (les scènes avec Radagast et autres emprunts au reste de l’œuvre tolkiennienne, l’invention de Tauriel, l’introduction de Legolas pour le seul plaisir de coller des scènes « exagérées ») ne sont vraiment pas heureux : il est loin d’avoir le talent de créateur d’histoires de Tolkien, et aurait dû se limiter à nous donner sa vision de ce qui était écrit dans le livre, sans chercher à délayer tout ça pour en faire trois looongs films.
C’est sympa mais trop long, et c’est bien loin de valoir la trilogie cinématographique du Seigneur des anneaux.

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