Le paysage animal
L’homme et la grande faune : une zoogéographie historique
Xavier de Planhol
Fayard
ISBN 2-213-60783-4
© Librairie Arthème Fayard, 2004
1127 pages format 15,2 × 23,5 cm environ
Pavé étudiant comment l’humanité a modifié (et modifie encore) les populations animales autour d’elleXavier de Planhol (l’auteur) est (enfin, était, pasqu’il est mort récemment) géographe. C’est donc en géographe, avec une formation de géographe, et avec les lacunes biologiques qui vont avec, qu’il traite le sujet, et non en écologiste (qui est, rappelons le, quelqu’un qui étudie les rapports des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, ce qui n’a rien à voir du tout avec le sens auquel ce terme est usuellement employé (et dévoyé) depuis une trentaine d’années). Ça ne veut pas forcément dire qu’il n’est pas compétent en la matière ; ça veut dire que son regard et son traitement du sujet sont différents. Et accessoirement, ça se sent quand même assez souvent dans le texte, avec un (relatif) manque de rigueur biologique, et parfois un embryon d’anthropomorphisme.
Il est par ailleurs d’un optimisme béat qui n’a rien de scientifique et qui est même battu en brèche par la réalité des faits. Convaincu que plus aucune espèce (voire sous-espèce) de grand Mammifère ne pourra désormais s’éteindre, pour peu qu’existe pour elle un programme de sauvegarde en captivité, il nous affirme en particulier, au sujet de Lipotes vexillifer, le dauphin d’eau douce de Chine : « L’espèce sera de toute façon sauvée grâce à un centre de reproduction en captivité établi en 1987, mais il n’est pas exclu qu’elle soit finalement cantonnée dans des parcs d’attraction ». Tellement que c’était visionnaire que l’espèce a été déclarée éteinte en 2007. D’une manière générale, il n’envisage pas vraiment qu’à l’action directe de l’humanité puissent s’ajouter les effets d’une épizootie, par exemple, ou ceux de la pollution (sans même parler du réchauffement climatique), pour faire définitivement disparaître une population réduite et fragilisée (bien qu’il en cite des exemples historiques) ; et ces œillères contribuent probablement à son optimisme béat. Une fois encore, il aurait vraiment dû coopérer avec un ou plusieurs écologiste(s) (au sens scientifique du terme), ou au moins leur faire sérieusement relire son bouquin.
Quelques récriminations (non exhaustives) sur la forme :
Certains noms vernaculaires d’espèces sont… originaux (jamais rencontrés auparavant en ce qui me concerne) : heureusement qu’il y a aussi les noms scientifiques correspondants. Ça rend l’index des noms d’espèces bien moins utile qu’il n’aurait dû l’être, pasqu’il faut être capable de deviner comment l’auteur aura appelé tel ou tel animal (un même animal pouvant d’ailleurs être désigné de façons différentes en deux endroits du livre).
Comme Planhol n’est pas biologiste, il parle de races pour désigner les sous-espèces (bien qu’il connaisse pourtant le terme correct), et il inclut la végétation dans ce qu’il appelle « biotope ».
Dans un premier temps, l’ouvrage étudie les effets négatifs qu’a eu l’humanité sur les populations animales. Il s’intéresse ensuite aux effets positifs ayant permis le développement de certaines populations animales. Enfin, une grosse moitié du texte fait un panorama historique, grande région du globe par grande région du globe.
Le bouquin ne traite que de la faune terrestre : les animaux purement marins ne sont pas abordés. Les Mammifères s’y taillent évidemment la part du lion, les Oiseaux sont correctement traités, mais pour le reste c’est beaucoup plus léger : quelques considérations sur certains Reptiles, parfois un Batracien, et puis c’est tout. Rien sur les Poissons, même d’eau douce. Quant aux Invertébrés, il n’y a sauf oubli de ma part que quelques considérations rapides sur divers Insectes et un passage sur les achatines : je crois que c’est tout. Par contre, en fait de « grande faune » (comme dans le sous-titre du bouquin), ça cause quand même pas mal de micromammifères et de petits passereaux…
Un pavé fort intéressant, malgré toutes les récriminations que j’ai pu avoir au fil de ma lecture et une conclusion qui PUE (mais dont la lecture n’est pas nécessaire).