Parc auto-immobile

Ce midi au boulot, j’ai eu la surprise de recevoir un msg du nouvel adjoint à la nouvelle cheffe (la nouvelle cheffe étant l’ancienne adjointe des précédents chefs, dont j’ai déjà dû évoquer à quelques reprises ici-même le haut degré de, euh… impréparation ? désordre ? bordel ? entre autres choses), m’annonçant que « suite à une demande exprimée en CHSCT » nous allions être dotés d’un véhicule de service.
Indépendamment du fait que je suis tombé des nues en apprenant qu’il y avait eu une « demande exprimée en CHSCT » pour avoir une bagnole de service, ça m’a surpris, et profondément gonflé.
Surpris, pasque quelques jours plus tôt, je lui avais expliqué au téléphone pourquoi nous fournir une bagnole était une aberration : nous n’avons pas de besoin en la matière, à part très exceptionnellement pour aller au siège en formation ou en réunion (ce qui a correspondu, sur l’année dernière, au mirifique total de… 120 brouzoufs (sauf erreur de ma part) à rembourser, repas compris). Donc la bagnole, elle va POURRIR sur le parking de l’usine. Tout ça pour économiser moins de 200 brouzoufs de frais à l’année. En comptant le prix d’achat, l’entretien tous les deux ans, le contrôle technique à la même fréquence, les pneus d’hiver (indispensables) dont la gomme durcira plus vite qu’ils ne s’useront (et je suis persuadé qu’au lieu de nous les laisser toute l’année, on nous collera deux jeux de pneus, un d’été et un d’hiver, avec changement obligatoire deux fois par an), et le carburant, je ne suis même pas certain qu’en la gardant jusqu’à la retraite de la benjamine de mon équipe (soit dans une quarantaine d’années, voire plus si les incapables qui nous gouvernent décident de repousser encore l’âge de l’échéance), le choix s’avère économiquement rentable (certes, c’est une caisse qu’ils avaient déjà au siège ; mais elle aurait sans doute été plus utile là-haut, et sinon, il aurait été plus intelligent de la revendre que de l’envoyer pourrir chez nous).
Profondément gonflé, pasque pendant qu’on fout du pognon en l’air dans une bagnole inutile, nous attendons toujours du matos commandé en début d’année (voire avant), matos qui, lui, nous serait utile : des chaises de bureau pour remplacer les deux ou trois qui sont déglinguées, un rehausseur d’écran pour que mon poste informatique soit à peu près adapté à ma taille, une souris ergonomique demandée au début de l’année et qu’on m’avait pourtant promise en juillet, mais dont je n’ai toujours aucune nouvelle plus de deux mois plus tard ; et que l’argent mis dans cette bagnole inutile aurait pu nous payer toutes ces choses et bien d’autres encore.
Après avoir laissé passer un petit moment pour ne pas répondre à chaud, je me suis donc fendu d’un courriel en réponse pour rappeler l’essentiel de ces éléments. Et comme je ne voulais pas que le nouvel adjoint, en poste depuis début septembre seulement, se sente agressé pour des problèmes qui pour l’essentiel sont antérieurs à son arrivée dans son poste actuel, j’ai conclu par un trait d’humour pour détendre l’atmosphère, en déclarant en substance que le seul intérêt que je voyais à cette bagnole, c’est que, le Tonnerre mécanique étant actuellement au garage (pour une réparation que je croyais mineure mais qui va durer plus longtemps et me coûter BEAUCOUP plus cher que ce à quoi je m’attendais), j’aurais pu en faire un usage personnel.
J’espère que ça ne sera pas pris au premier degré : j’ai certes accompagné ma déclaration d’un émoticon railleur, mais on sait à quel point le second degré et l’humour en général passent mal via internet. Je n’ai pas énormément d’inquiétude concernant le destinataire du msg : on doit avoir deux ans de différence, on se connait depuis vingt ans, on a un parcours professionnel proche (et donc le vécu qui va avec), ça devrait passer. Mais s’il transmet mon msg à d’autres personnes (au hasard, des gens plus concernés par les problèmes en question), à commencer par la responsable du service intendance compta et compagnie (qui n’a aucun sens de l’humour, comme j’ai pu m’en rendre compte moi-même), ça ne sera ptêt pas la même chose… On verra bien.
Accessoirement, après avoir envoyé ma réponse courroucée, je suis redescendu tout seul dans l’usine, sans prévenir mon adjointe avec qui je tournais pourtant en binôme aujourd’hui. Comme je le lui ai expliqué ensuite, j’avais besoin de prendre l’air et pas envie de lui faire supporter ma mauvaise humeur du moment. Qui n’était pas complètement passée quand elle est venue me rejoindre.

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