Compte-rendu d’une partie de Traveller.
Égarés dans les Étendues vargr suite à un incident de saut survenu il y a plusieurs mois, Géraldine Martin, Légé Mc Gregor et Robert Moore, qui circulent à bord d’un vraquier vargr volé, le Graouali, dans la soute duquel ils ont dissimulé leur propre vaisseau, Recherches de Rachel, avec à bord deux mystérieux missiles récupérés pour le compte des services secrets du duc de Regina sur le site de la bataille des deux soleils, viennent de quitter le monde de Fae Kodh (Gvurrdon / Firgr 2536) sur lequel ils s’étaient posés pour procéder à des réparations.
Craignant la présence d’éventuels vaisseaux hostiles dans le système, ils quittent la planète selon une trajectoire volontairement non optimisée. Mais, alors qu’ils s’en éloignent afin de pouvoir sauter en direction de Triade (Gvurrdon / Uthe 2436), où ils espèrent trouver un peu de sécurité du fait de la présence d’une base de la Stellaire (même s’ils hésitent encore sur la conduite précise à tenir une fois là-bas, allant jusqu’à envisager de retourner dans l’Imperium en voyageant à bord d’un vaisseau des Lignes Oberlindes), ils remarquent sur leurs écrans les échos de deux groupes de vaisseaux qui se dirigent dans leur direction : l’un, de quatre vaisseaux, a surgi de derrière l’unique géante gazeuse ; l’autre, de six, était masqué par l’étoile de Fae Kodh. Il devient vite manifeste que les deux groupes se dirigent vers eux, et qu’ils accélèrent plus rapidement que ne peut le faire le Graouali (même si l’un des vaisseaux du second groupe est nettement plus lent que ses compagnons). Les quatre premiers ont coupé leurs transpondeurs, mais ceux des six autres les identifient comme étant le destroyer d’escorte Jararaca, de classe Fer-de-Lance, quatre escorteurs de classe Gazelle (Tanuku, Isard, Impala et Équoïde), tous cinq appartenant à la Stellaire, et le vaisseau cargo Anfauglir. Quant aux autres, au fur et à mesure de leur approche les senseurs du Graouali semblent indiquer qu’il s’agit de deux frégates zhodanies de classe Shivva et de deux vaisseaux d’un type fréquemment employé par les corsaires vargr.
Ne souhaitant pas courir le risque d’un nouvel incident de saut, nos amis décident d’attendre d’avoir atteint la limite critique des cent diamètres pour sauter. Mais le vraquier n’étant capable que d’une accélération de 1,1 g, se traîne littéralement face à ses poursuivants (et surtout face à Jararaca), d’autant que les frégates zhodanies finissent par lancer douze chasseurs, deux fois plus rapides qu’elles.
Impuissants, les aventuriers ne peuvent que suivre sur leurs écrans la progression de leurs poursuivants. À leur grande surprise, quatre chasseurs sont lancés par Anfauglir et se portent vers ceux des Zhodani, engageant le combat avec une partie d’entre-eux ; puis c’est l’escorteur Tanuku qui se détourne pour aller à son tour intercepter les chasseurs zhodanis.
Jararaca lance un appel au vraquier, intimant à son équipage de mettre en panne et de se préparer à être abordé, mais nos amis, s’ils savent qu’ils seront inéluctablement rattrapés par le destroyer, n’ont aucune envie de s’arrêter, car ils craignent que les chasseurs zhodanis n’arrivent les premiers. Robert tente de donner le change en répondant en gvegh, mais les militaires insistent et finissent par tirer deux coups de semonce au laser, un de chaque côté du Graouali, amenant son pilote, sinon à mettre effectivement en panne, du moins à décélérer significativement.
Arrivé près de son objectif, Jararaca lance une vedette vers le vraquier. Robert se rend au sas pour « accueillir » les arrivants, tandis que Légé et Géraldine choisissent de s’installer confortablement dans la cambuse pour s’y préparer un bon repas à base des victuailles que leur ont données les Bzruellokh. La vedette débarque un commando des troupes stellaires, qui s’empare (fermement, mais sans violence ; Robert a même la surprise de se voir donner son ancien grade dans la Stellaire) des trois compagnons sans que ceux-ci n’opposent de résistance. Fouillés et désarmés, ils sont conduits à bord de la vedette, et ramenés à bord de Jararaca où ils sont séparés et mis aux fers.
Pendant plusieurs jours, nos trois amis sont interrogés séparément à bord du destroyer (qui a sauté quelques heures après leur capture). Robert remarque que la nourriture qui leur est servie, pour toute militaire qu’elle soit, est nettement meilleure que ce à quoi il avait lui-même droit lorsqu’il était en service actif.
Les interrogateurs, des officiers de la Stellaire, cherchent à savoir pourquoi ils sont partis dans les Étendues vargr en emportant les deux missiles récupérés à bord de l’épave du Deutsche Post. Légé se mure dans le silence, se contentant de répondre « Voyez ça avec le capitaine », car il craint les conséquences que pourraient avoir des versions différentes de leur histoire. Robert pour sa part dit la vérité, et Géraldine, après avoir tenté un moment de jouer les dures, finit par faire de même.
Pendant que le vaisseau fait escale sur Triade, Robert est libéré de sa cellule et, bien que restant confiné à bord du destroyer et limité dans ses mouvements à bord, bénéficie d’un hébergement un peu moins spartiate. Géraldine a droit au même traitement quelques jours plus tard, mais Légé, qui refuse toujours de répondre aux questions des enquêteurs, reste aux fers pendant le reste du voyage, qui dure encore deux sauts jusqu’à Dentus (Marches Directes / Regina 2201), où Jararaca fait escale à la base du SIEI.
Là, les aventuriers rencontrent (discrètement) le contre-amiral Shirrushi, de la Stellaire, qui leur explique que, la mission qu’ils ont accomplie pour les services de renseignement ducaux étant secrète, leur entrevue n’aura jamais eu lieu. Néanmoins, il leur adresse les chaleureuses félicitations du duc Norris, car la réalité de l’incident de saut ayant été prouvée par l’enquête et leur acharnement à conserver et à ramener vers l’Imperium les deux missiles montrant leur bonne foi, l’opération aura été un succès, en dépit d’un fâcheux contretemps. Ils sont donc tous trois décorés de la croix de la reconnaissance impériale, pour services rendus à l’Imperium et en remerciement de leur dévouement à la cause impériale (les décrets sont signés de la main du duc Norris). La mission ayant été confiée à Ernsteyn Industries Minières, dont nos amis ne sont que salariés, ce n’est pas à eux que le paiement sera remis, mais à titre exceptionnel, il leur est également versé à chacun une récompense de 10.000 Cr. L’amiral Shirrushi leur explique cependant qu’EIM a fait faillite moins de deux mois après leur disparition, et qu’ils n’ont pas encore réussi à retrouver le couple Ernsteyn, qui a quitté Yres (Marches Directes / Regina 1802).
Enfin, l’amiral glisse aux aventuriers que, si eux-mêmes y sont disposés, les services de renseignement ducaux seraient susceptibles de faire à nouveau appel à eux pour certaines missions.
À nouveau libres de leurs mouvements et de retour en territoire impérial, nos amis, à qui les militaires ont rendu leurs effets personnels et laissé le Wobbegong, décident de se rendre à Yres pour tenter de retrouver les Ernsteyn, leur rendre le vaisseau (qui sera certainement saisi par le liquidateur judiciaire, puisqu’il faisait partie des actifs d’EIM). Grâce au réservoir auxiliaire installé dans leur soute, ils font le trajet en deux sauts sans avoir besoin de ravitailler. À Yres, ils apprennent que les Ernsteyn ont divorcé suite à la faillite de leur entreprise, et sont tous les deux partis pour Efate (Marches Directes / Regina 1705). Le liquidateur judiciaire (à qui ils ne dévoilent pas qu’ils détiennent Recherches de Rachel, car celui-ci leur serait aussitôt confisqué) se déclare dans l’incapacité de leur verser les deux mois de salaire dus par leur ancien employeur, les créanciers plus importants ayant absorbé tout ce qui avait pu être tiré de la liquidation.
Les aventuriers partent donc pour Efate, via Menorb (Marches Directes / Regina 1803). Les troubles qui agitent la planète depuis l’abdication du baron Ulfred von Alksburg en faveur de son fils Urnst en 1101 sont de plus en plus importants, et se transforment peu à peu en une véritable guerre civile anti-impériale, mais le spatioport, Franklin, se situe dans une région calme.
Les voyageurs réussissent à retrouver Rachel Ernsteyn (qui a repris son nom de jeune fille, Rachel Reinhardt) et à la rencontrer. Ils lui remettent le Wobbegong, et lui apprennent que les services de renseignement ducaux tiennent à sa disposition et à celle de son ancien mari le paiement convenu (qui devrait lui permettre, si elle le désire, de conserver le vaisseau).
Rachel Reinhardt a complètement tourné la page Ernsteyn. C’est elle qui a gardé leur fils Dalin, qui a désormais quatre ans. Elle ne sait pas ce qu’est devenu Evan, au-delà du fait qu’il s’est engagé dans l’équipage du Reflets d’Ardoise, un Beowulf circulant sur la Route des Marches. Légé est choqué par le fait qu’il se désintéresse complètement de son fils, mais Géraldine, qui est plus proche de Rachel que ses deux camarades, comprend que cette dernière a fait en sorte de soustraire l’enfant à l’influence de son père : il y a visiblement beaucoup de rancœur derrière ce divorce dont nos amis sont indirectement responsables…
Les aventuriers prennent congé et envisagent de se lancer à la recherche de leur ancien patron. Mais ceci sera une autre histoire…