(St)age (pas) farouche

Nouvelle stagiaire aujourd’hui, la troisième ce mois-ci.
Avec les stagiaires, je ne m’embête pas : je les tutoie systématiquement (à part éventuellement lorsqu’ils prennent contact par écrit pour faire leur demande de stage ; mais dès que le contact est « vivant », ne serait ce que par téléphone, je les tutoie ; et avec d’autant moins de vergogne depuis que j’ai largement l’âge d’être leur père).
Par contre, dans l’autre sens, je laisse faire (en partie pasque ça m’intéresse de voir comment ils vont se comporter) : en général, ils en restent au vouvoiement. À vrai dire, je crois qu’il n’y en a qu’un seul qui m’a tutoyé depuis que je suis ici, c’était celui d’il y a un an et demi, qui avait la particularité 1°) d’avoir été placé ici par un confrère et ami chez qui il faisait l’essentiel de sa période de stage et 2°) d’être le fils d’un confrère qui était deux promos au-dessus de moi. Ça me donne à chaque fois un coup de vieux que des petits jeunes me donnent comme ça du vous, mais d’un autre côté je n’ai pas forcément envie de faire tomber cette barrière psychologique chez eux tant que je ne sais pas un minimum à qui j’ai affaire (le souvenir du calamiteux premier stagiaire que j’avais eu ici, suite auquel je m’étais posé la question de continuer ou non d’accepter à en prendre en charge, est encore bien vivace).
Il y en a quelques-uns (rarement, surtout sur des durées aussi courtes) dont ça ne me dérangerait pas qu’ils me tutoient (non, ça n’est pas tout à fait ça : je ne crois pas que ça me dérangerait beaucoup qu’un stagiaire me tutoie, vu que je me permets moi-même de le tutoyer ; par contre, il y en a quelques-uns (rarement, surtout sur des durées aussi courtes) dont ça me gêne confusément qu’ils continuent à me vouvoyer, à partir du moment où le contact a été établi et où le courant passe plutôt bien).
Pour en revenir à ma stagiaire du moment, le courant est effectivement plutôt bien passé. Elle s’était même échappée à quelques reprises en me tutoyant (avant de revenir au vouvoiement la fois suivante, mais sans pour autant se reprendre). Comme elle fait partie de cette catégorie de stagiaires desquels le tutoiement ne me défriserait pas pour deux sous (je pense que, du paquet de stagiaires que j’ai eus entre les pattes dans toute ma carrière (dont certains dont j’ai complètement oublié qu’ils existaient), c’est celle qui m’a fait la meilleure impression), j’avais décidé de la reprendre la prochaine fois qu’elle me vouvoierait, en lui faisant remarquer qu’elle me disait une fois tu, une fois vous, et qu’elle ferait bien de se décider pour l’un ou pour l’autre. Mais je n’en ai pas eu l’occasion, car elle en est restée au tu jusqu’à la fin de la journée. Ce dont je suis fort aise, mais qui m’a un peu surpris.

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Une réponse à (St)age (pas) farouche

  1. Tororo dit :

    J’ai l’impression qu’à propos de ce genre de choix, beaucoup d’informations passent par la communication non-verbale, au point qu’il n’est pas si rare que deux interlocuteurs passent en même temps du vous au tu, spontanément, sans en avoir discuté avant.

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