(2017)
Film de Luc Besson, dont les personnages principaux s’appellent Valérian et Laureline, comme dans la BD bien connue (avec laquelle les similitudes s’arrêtent à peu près là, n’en déplaise au cinéaste qui prétend qu’il s’agit d’une adaptation)Étant un grand amateur de la série BD (au moins de ses vingt et quelques premières années, après ça se dégrade assez vite et tout finit lamentablement en agonisant sur plusieurs albums), je n’ai pas réellement réussi à le voir comme « un film dont il se trouve que, par une coïncidence comme on n’en voit qu’au cinéma, les deux personnages principaux ont les mêmes noms que ceux de la série BD Valérian, ça alors ! » ; configuration dans laquelle le film aurait ptêt été un poil moins pire.
Si les acteurs principaux sont censés interpréter les personnages de la BD, c’est complètement raté : celui qui joue Valérian est beaucoup trop jeune pour le rôle (on dirait un ado), celle qui joue Laureline colle un peu mieux, mais stupeur, elle n’est pas rousse.
Les personnages, justement : à part des similitudes dans leurs fonctions, c’est pas ceux de la BD. Ni par le peu qu’on apprend de leur histoire (la Laureline du film sort d’une « grande école »), ni par leur comportement (Valérian gamin immature et dragueur, qui passe son temps à… je pense qu’on peut sans problème qualifier son comportement envers Laureline de harcèlement sexuel ; Laureline qui n’a ni la bonne humeur souriante, ni réellement le comportement indépendant qu’on lui connait dans la BD (ici, elle sert quand même beaucoup de faire valoir à Valérian, alors que dans la BD c’est parfois limite l’inverse)).
Qu’est ce que c’est mauvais ! Qu’est ce que je me suis fait chier… Non seulement c’est nul, mais ça n’a rien à voir avec Valérian. Besson a complètement trahi les BD.
Visuellement ça fait trop images de synthèse. Sérieusement, c’est pitoyable quand on compare avec Le cinquième élément, du même Besson mais vingt ans plus tôt, donc pas avec les mêmes moyens… accessoirement, c’est dommage pour un film au scénario incohérent et qui n’a donc que ses effets spéciaux à proposer au spectateur.
Y a quelques trucs qui sont assez ressemblants (l’extérieur du vaisseau, le transmuteur (qui n’est pas grognon, dommage). Les shingouz ont été rebaptisés doghan-daguis, c’est nul. Ils sont aussi plutôt ratés.
Valérian tue de sang froid, ce qui est à des lieues de la BD ; vous me direz, un peu plus tard il commet carrément un massacre, et là, je me demande bien comment on pourrait rattacher ça à la BD, qui est fondamentalement humaniste et pacifiste ; mais visiblement, Besson n’en a pas fait la même lecture que moi.
L’histoire (au-delà de l’histoire d’amour à la con qui est au cœur du film : Valérian essaie d’emballer Laureline qui le trouve immature et incapable d’être fidèle) : après une première mission dans un cadre qui n’a pas grand-chose à voir avec les BD (dans un lieu qui existe en partie en vrai, en partie dans une autre dimension qui s’interpénètre avec la nôtre ; c’est assez original, mais ça n’a rien à voir avec les BD donc, et franchement, de la façon dont c’est mis en scène dans le film ça ne tient absolument pas debout (mais à ce stade là, ma suspension volontaire de l’incrédulité était déjà partie se coucher en pleurant, ou ptêt plutôt en hurlant des insanités, tellement elle était affligée, donc au point où on en était déjà, je pouvais bien continuer à regarder…)), mission dans laquelle ils récupèrent le dernier transmuteur vivant (et une perle d’une grande valeur), ils vont sur Alpha (surnommée la cité des mille planètes), une station où on rencontre des représentants d’à peu près toutes les espèces connues (ça correspond grosso modo à Point Central dans les BD (sauf que ça n’a rien de central, donc il est heureux pour une fois qu’elle ait été rebaptisée) ; d’ailleurs, une partie de l’intrigue est vaguement basée sur celle de L’ambassadeur des ombres). Là, ils doivent assurer la sécurité du transmuteur et du commandeur, un militaire d’un grade encore plus élevé que général, mais pas de bol le commandeur est enlevé par de mystérieux extra-terrestres, Valérian part à sa poursuite, Laureline part à la poursuite de Valérian, et tout ça les mène au cœur de la station, une zone devenue mystérieusement radioactive et où ont disparu précédemment tous les soldats envoyés pour voir ce qui s’y passait (ça vous semble en partie incohérent ? C’est normal, ça l’est). Au passage, on croise divers ET fortement inspirés de ceux qu’on voit dans L’ambassadeur des ombres. Et à la fin, Valérian et Laureline évitent in extremis un bain de sang (enfin non, pas tout à fait : il y a plein de morts, qu’on ne nous montre d’ailleurs pas, mais il aurait pu y en avoir bien plus), révèlent le pot aux roses sur un génocide commis autrefois par les Terriens mais resté secret, sauvent les derniers survivants dudit génocide, et tombent dans les bras l’un de l’autre. Ouais, je vous ai ptêt gâché l’histoire là, mais c’est pas grave, vu que je vous déconseille une fois encore de le voir s’il est encore temps de vous empêcher de commettre cette erreur. Pasque ce que je vous ai épargné entre autres, c’est l’interminable et perpétuelle succession d’incohérences du scénario. Affligeant, je vous dit. Affligeant.
Accessoirement, je me demande si Besson a lu les BD qu’il a prétendu adapter là. Pasque franchement, lui et moi, on n’a pas du tout dû lire la même chose.
Je ne me pose pas la question: Besson ne connaît pas la BD de Valérian.
Pour moi, ça a commencé par un album couverture souple offert par une marque de carburant à mon papa plusieurs années auparavant. C’était L’Empire Des Mille Planètes et je n’avais pas dix ans. Je ne comprenais pas tout mais whaou, la claque. Les Connaisseurs. Les bas-fonds de Syrte. La soirée chez l’empereur, avec les bulles volantes. Le marchand sympa. Et les cases qui ne servent qu’à montrer la décadence. J’adore.
Finalement, si ce film ne marche pas, on peut espérer qu’il n’y en ait pas d’autres…
en fait Besson a dû ne regarder que les images, sans lire le texte. Vu comme ca, ca serait en fait une bonne adaptation.