Suite à un problème survenu dans l’usine, ça s’affole (à mon avis sans justification) aux échelons au-dessus du mien. Et quand je dis ça s’affole, le mot est faible.
Ça m’a valu hier soir un appel de la directrice directement chez moi (c’est pas la première fois qu’elle essaie de m’appeler à la maison, à mon grand déplaisir d’ailleurs, mais c’est la première fois qu’elle réussit, et c’est peu dire que ça m’a fortement contrarié, pasque contrairement à tous ces gens, moi j’ai une vie privée en dehors du boulot (notez qu’elle a récidivé ce soir, mais heureusement plus brièvement ; je pense qu’à l’avenir je ne vais plus répondre au téléphone).
Ça va nous valoir un audit qui devrait avoir lieu sous peu. Quand précisément, ça n’est pas encore fixé, mais je sais déjà que ça sera pendant mes vacances (j’espérais que ça se passe après) et qu’on va donc encore une fois m’imposer de revenir deux jours pendant mes congés. Ça ne sera jamais que la quatrième fois qu’on me fait le coup depuis que je suis ici, mais pour une fois que j’avais des vacances un peu conséquentes, donc un réel espoir de réussir à me déconnecter vraiment du boulot, ça me gonfle encore plus. Surtout que j’ai le sentiment diffus qu’on va chercher à me faire porter le chapeau de trucs dont je ne suis absolument pas responsable.
C’est la directrice qui m’a annoncé ça ce matin par téléphone, dans une longue discussion au cours de laquelle elle m’avait prévenu (la veille en m’appelant chez moi, donc) que j’allais m’en prendre plein la gueule, mais où elle s’est montrée beaucoup plus modérée que ce à quoi je m’attendais. À la fin de l’entretien, elle m’a demandé si ça allait (chose qu’elle n’avait pas faite au début de la conversation, et je m’étais bien entendu soigneusement abstenu en retour de m’inquiéter de sa santé), et comme j’avais dû répondre laconiquement par l’affirmative, elle de me déclarer en gros que de toutes façons, je suis quelqu’un de toujours calme (ça a beaucoup amusé mes collègues quand je le leur ai raconté ensuite, car eux avaient bien vu que j’étais plutôt branché sur 220 volts ce matin) et qu’elle pourrait me mettre des claques que je ne perdrais pas mon calme (quasiment verbatim).
D’un ton très posé mais très sec, je lui ai aussitôt rétorqué « Je te déconseille d’essayer ».
J’ai eu le sentiment qu’elle ne savait pas vraiment comment prendre ma réponse, car elle a aussitôt battu en retraite en me déclarant que ce n’était pas dans ses intentions et que de toutes façons elle n’était pas violente, blablabla…
Je n’ai rien ajouté, mais je n’en pense pas moins qu’il y a des trucs qu’il vaut mieux éviter de sortir à ses subordonnés, même si on se trouve très spirituel, et d’autant plus quand (mais ça, je ne suis pas certain qu’elle le mesure pleinement) on est souvent à la limite du harcèlement moral (voire au-delà de la limite avec certaines personnes de ma connaissance dans un de ses précédents postes).
Toujours pour la même affaire, j’ai eu ensuite au téléphone l’adjoint de la cheffe, qui s’est plaint de s’être fait critiquer et dire qu’il ne faisait pas son travail correctement par « des gens qui ne connaissent rien à notre travail » (en gros ; j’avais noté la phrase exacte dans l’intention de vous la rapporter, mais j’ai laissé le papier sur mon bureau au boulot (EDIT du 28 août : la phrase était à peu de choses près : « tu te fais traiter de con et dire que tu fais pas ton boulot par des gens qui ne connaissent pas le boulot »)). Et là, du tac au tac je lui ai répliqué : « Bienvenue au club ».
Je pense qu’il se doute que je n’étais qu’à moitié ironique, et qu’il faisait partie des gens n’y connaissant rien mais voulant nous expliquer comment faire dont il se plaignait lui-même… (même si, pour être franc, y a encore pire à tous les niveaux au-dessus de lui dans la hiérarchie).
(je vous passe la suite des évènements, où il m’a demandé de faire de toute urgence et en deux heures un boulot qui aurait nécessité une journée pour être réalisé correctement)
Et le pire, c’est que je ne peux même pas dire « vivement les vacances… » puisque, comme je vais devoir les interrompre, ça n’en seront pas des vraies…
Mais je ne vous cache pas que j’attends la retraite (hélas encore bien lointaine) avec de plus en plus d’impatience.