Celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre

Corrigeant ce matin un document rédigé par mes deux plus jeunes subordonnées, je leur fais remplacer le terme collaborateur qu’elles avaient employé mais qui était à mon avis mal choisi, en ajoutant qu’il ne me plait pas.
Comme la benjamine de l’équipe (23 ans quand même, et un bac+2) s’en étonnait, j’ai répondu d’un ton las que ça montrait bien qu’on n’était pas de la même génération, et que c’était pour les gens de la mienne un terme connoté. Et elle de me demander en quoi.
Qu’on puisse poser ce genre de questions m’a quelque peu laissé sur le cul. Mais ça permet aussi de moins s’étonner de la puanteur montante dans la société française actuelle, et de tous ces gens prêts à porter l’extrême-droite au pouvoir au prétexte fallacieux que « on n’a jamais essayé », qui montre bien à quel point ils ont la mémoire courte (et accessoirement, je ne serais pas surpris d’apprendre qu’elle en fait partie).
Ou alors c’est que l’enseignement de l’Histoire en France a bien changé ces dernières décennies…

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2 réponses à Celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre

  1. Roger BARNOUD dit :

    Et pourtant on continue d’enseigner collaboration et régime de Vichy dès la 3e et c’est ensuite revu au lycée. Alors que comprendre ? La différence est peut-être générationnelle. Nous on était en prise directe avec des personnes de notre famille qui avaient vécu la France dans la guerre et l’occupation. Pour nos élèves ce n’est que de l’histoire au même titre que Jeanne d’Arc et la guerre de Cent ans. C’est plus abstrait et je te confirme que cela explique la recrudescence du suivi de l’extrême droite car mémoire n’est pas histoire et la mémoire est en train de s’en aller avec les derniers témoins de cette période.

    • Imaginos dit :

      C’est peu ou prou l’analyse que je faisais de la situation.
      Mais c’est quand même un truc que j’ai du mal à admettre. Pour eux, la deuxième guerre mondiale est aussi lointaine que l’était pour nous la première. C’est-à-dire pas si lointaine finalement, en tous cas selon mon ressenti personnel. Est-ce que la Collaboration est devenue un petit détail noyé dans la masse de ce qu’on essaie de leur apprendre, au point que le terme ne les marque pas plus que ça ? Quand je pense que pour nous (pour moi en tous cas), c’était un terme qu’on ne pouvait quasiment plus utiliser dans un autre contexte, ça me laisse songeur…

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