Ma vie c’est du cinéma

On va encore être audités par une délégation étrangère à l’usine dans quelques jours.
Je suis eeencore contraint de décaler mes congés, sans le moindre remerciement, comme d’hab’. Ça doit être la quatrième fois pour ce genre de conneries, si ma mémoire est bonne. Je le prends de plus en plus mal, et si jamais j’avais le moindre pet de santé justifiant un arrêt maladie couvrant en particulier ce fameux jour (une crise de tendinite, par exemple), je me précipiterais chez le toubib. Plus rien à foutre de leurs conneries. Ça fait un an qu’on est en sous-effectif chronique, ça fait deux mois qu’ils ont par leur incompétence managériale complètement détruit ce que j’avais commencé à construire avec mon adjointe, ma motivation n’est plus qu’un lointain souvenir, et s’il n’y avait pas l’aspect financier, j’aurais déjà foutu le camp (malheureusement, la concurrence, qui m’aurait pourtant accueilli à bras ouverts, n’est pas en mesure de compenser les frais non négligeables liés aux trajets quotidiens que ça m’imposerait de faire).
Aujourd’hui, première réunion de préparation à l’audit. Le directeur adjoint est descendu exprès pour voir comment on allait pouvoir répondre aux exigences spécifiques des auditeurs. On était en train d’en discuter informellement (son idée initiale ne tenant pas la route à mes yeux), quand a débarqué la cheffe de service qui s’est greffée sur la discussion pour faire une proposition encore plus déconnectée de la réalité du terrain que celle que j’étais en train de combattre.
Là, ça m’a gonflé (d’autant plus que c’est elle la principale responsable de la destruction évoquée plus haut), et je l’ai envoyée chier quelque peu vivement en disant qu’on n’allait pas faire un cinéma pas crédible deux secondes, qui aurait clairement montré aux visiteurs qu’on avait préparé un truc spécialement pour leur venue mais qui n’était pas faisable en routine. Et elle de me dire sur un ton agacé un truc du genre « Mais justement, va falloir en faire, du cinéma ».
Je lui ai rétorqué du tac-au-tac qu’on était bien conscient qu’il allait falloir faire du cinéma, mais que ce cinéma là allait devoir être crédible, et qu’on n’avait « pas d’effets spéciaux ».
La discussion s’est arrêtée là.
Et pour conclure, ils ont eu ensuite une réunion avec le service qualité, à laquelle je n’ai pas pu assister puisque notre sous-effectif m’imposait de tenir deux postes en même temps, mais dont la conclusion a été qu’on allait faire comme je l’avais dit au départ.

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2 réponses à Ma vie c’est du cinéma

  1. FaenyX dit :

    Je me suis demandé un instant si on bossait pas dans la même usine…

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