Retour à Laelith : Le fantôme de Fynnyggyn

Compte-rendu d’une partie d’AD&D

Le MJ n’ayant pas pris beaucoup de notes et le compte-rendu ayant été rédigé près de quinze jours après la partie, le résumé sera probablement approximatif sur plus d’un point.

Laelith, mois de Sombrebois, année du Roi-Dieu 1015. Plus de trois mois se sont écoulés depuis que la compagnie de la Canneberge a permis au fantôme d’Hectorine de trouver le repos.
L’hiver commence à s’installer sur la Cité sainte, et avec lui la froidure : dans le repaire des aventuriers, il fait froid dans les chambres dépourvues de cheminée (celles du trappeur demi-elfe Eorl Thornen et du prestidigitateur Asric), ainsi qu’au deuxième étage où des cloisons ont été montées devant la cheminée dans l’ancienne salle commune pour créer une chambre au pied-feutré Sardjo, la dernière recrue de la bande. Et ce n’est probablement que le début…
Pendant les derniers mois, la compagnie de la Canneberge a tenté de se faire recruter, mais les propositions qu’elle trouve impliquent de quitter la ville ou de s’aventurer dans le Cloaque, ce que les aventuriers, laborieusement arrivés à Laelith à l’issue d’un long périple depuis leurs lointaines contrées occidentales natives, ne souhaitent pas faire, au moins pour l’instant. Ils en sont donc réduits à vivoter de petits boulots non qualifiés, dockers, videurs de taberge ou escorte, ce qui leur permet au moins d’acheter de quoi manger et du bois de chauffage. Naïd Jambara a passé tout l’automne à effectuer de basses besognes au sein du temple du Poisson d’Argent, ce qui lui a permis de financer sa promotion au rang d’adepte d’Ahto.
Un après-midi, Tobert rentre tout excité à la Canneberge : il vient d’apprendre qu’une taberge du quai des contrebandiers était hantée, et compte bien que, forte de son expérience avec celui des Quatre éléments, la compagnie puisse se faire engager pour régler ce nouveau problème de fantôme.
Accompagné d’Eorl, Naïd et Sardjo, il se rend sur place à la tombée de la nuit. Signalée par une enseigne en forme de chope, la taberge chez Fynnyggyn est située entre un entrepôt et les décombres d’un bâtiment qui a brûlé. Ils y sont accueillis par le patron, un rouquin costaud d’une bonne quarantaine d’années nommé Fynnyggyn (!), qui leur apprend que depuis un mois que le fantôme d’une jolie jeune femme rousse apparait ici tous les soirs, son établissement est devenu prospère. Il est donc manifeste qu’il ne recrutera pas la compagnie de la Canneberge (ni qui que ce soit d’autre) pour le débarrasser du spectre…
Dans la discussion, les aventuriers apprennent que Fynnyggyn est propriétaire des lieux depuis une huitaine d’années (la taberge s’appelait auparavant « Les cordeliers », en référence au magasin de cordages mitoyen qui a brûlé il y a une quinzaine de jours, sans que l’incendie ne se propage grâce à l’intervention rapide du détachement de pompiers des surintendances locales), et que des gamins du voisinage auraient vu le fantôme dans les décombres du bâtiment incendiés. Ledit fantôme n’apparaissant qu’à la septième heure du soir, Naïd et Sardjo sortent pour aller fouiner dans les ruines. En y pénétrant, ils ont la surprise de se retrouver à l’intérieur du manoir cossu mais désert d’un armateur laelithien dont ils découvrent que le nom est… Tobert. Or leur camarade, originaire comme eux d’une lointaine contrée occidentale, n’a aucune famille ici. Après avoir exploré les lieux, ils les quittent, non sans que Naïd ait au passage chapardé une petite cuiller en argent.
Entretemps chez Fynnyggyn, la fantôme s’est matérialisée, prenant forme devant un tableau accroché sur le manteau de la cheminée de la grande salle et représentant une femme assise dans un jardin floral devant des hortensias en fleurs, femme à laquelle elle ressemble trait pour trait. Elle se déplace dans la salle, flirtant avec les clients (désormais très nombreux), se faisant offrir à boire et n’hésitant pas à s’asseoir sur leurs genoux et à leur caresser le visage. Il n’y a que lorsqu’un jeune exorciste déterminé et sûr de lui tente de la faire disparaître en brandissant son symbole religieux que son visage devient effrayant et qu’elle a une réaction agressive envers le clerc, qui perd contenance devant l’inefficacité de sa tentative de vade retro et décampe sous les quolibets de l’assistance. Ce n’est manifestement pas la première fois qu’une scène de ce genre se produit, mais à chaque fois la fantôme a été « gentille » car elle n’a pas fait vieillir prématurément ses victimes.
Naïd et Sardjo reviennent chez Fynnyggyn, où ils ont l’impression que, dans la salle fortement bondée, la fantôme s’éloigne de Tobert à mesure qu’il essaie de s’en approcher : ça n’est sans doute pas fait exprès, mais c’est assez frappant… et amusant. Eorl quant à lui a engagé la conversation avec un buveur triste et déjà bien alcoolisé, assis au comptoir le nez dans sa chope, loin de toute l’animation autour de la fantôme. Il apprend que l’homme, un dénommé Popeye, tenait une taberge un peu plus loin sur le quai des contrebandiers. L’affaire n’était guère florissante, et constatant que la présence d’un fantôme chez son concurrent avait eu pour effet une forte hausse de fréquentation, il avait eu l’idée de faire appel au lama Roscoille, un clerc du Crâne, pour invoquer quelques morts-vivants qui auraient fait le succès de son propre établissement. Malheureusement, les choses ne s’étaient pas déroulées comme prévu : un marin ivre se croyant malin n’a rien trouvé de mieux que de mettre son doigt dans l’orbite d’un des squelettes, celui-ci l’a mordu, et les choses ont dégénéré. Tout le monde a évacué précipitamment les lieux, condamnant les issues pour éviter que les morts-vivants ne s’en échappent, et depuis Popeye ne peut plus y retourner et n’a plus de gagne-pain.
Laissant son interlocuteur le nez dans sa chope, Eorl retourne dans la grande salle et rapporte à ses compagnons ce qu’il a appris. Il est abordé par la fantôme. Il apprend qu’elle s’appelle Tarline mais n’obtient pas d’autre information intéressante : elle est manifestement plus intéressée par se faire offrir à boire, et finit par se lasser du trappeur pour aller flirter avec un marin en goguette.
Eorl sort de la taberge et se rend dans les ruines du magasin incendié, et arrive dans une salle confortable tendue de velours rouge où il est accueilli par « Madame Jambara », une matrone à forte poitrine dans ce qui a tout l’air d’être un bordel. Déclinant ses différentes propositions, il quitte les lieux.
Naïd constate que la petite cuiller qu’il a récupérée à côté est toujours dans sa poche. Soupçonnant que Fynnyggyn ait recouru aux services d’un clerc spécialiste des morts-vivants pour invoquer son fantôme, il parvient à glisser le nom de Roscoille dans une discussion avec le tenancier, mais cela ne semble amener qu’incompréhension chez celui-ci : pour lui, Roscoille est un poissonnier situé plus loin sur le quai, près du pont des pêcheurs. Il se renseigne également sur le magasin mitoyen qui a brûlé il y a une quinzaine de jours, et apprend qu’elle s’appelait « Grovar et son fils ».
Les aventuriers sortent de la taberge et se rendent au poste de garde le plus proche (le poste du céruléum) pour y signaler la présence d’un fantôme chez Fynnyggyn. Par le judas de la porte, un garde peu amène leur demande s’ils viennent porter plainte, et devant leur réponse négative, leur dit de revenir le lendemain. Ils repassent dans les ruines, qui ont désormais l’aspect d’une boucherie, puis retournent à la taberge.
Au bout de quelques heures pendant lesquelles l’établissement de Fynnyggyn n’a pas désempli, la fantôme déclare à la cantonade qu’elle est fatiguée et disparait. Les aventuriers quittent la taberge et décident d’aller jeter un œil chez Popeye. C’est une petite gargote coincée entre un entrepôt et un magasin, dont l’enseigne a été arrachée et dont porte et fenêtre ont été barricadées de l’extérieur par des planches et des plateaux de table cloués.
Les deux taberges se trouvant entre un entrepôt à leur gauche et un magasin à leur droite, les aventuriers se demandent s’il n’y a pas un lien entre les deux à cause de cette configuration. Mais étant donné que le quai se compose principalement d’entrepôts, de magasins, de taberges et de bordels, elle y est relativement banale. Ils décident alors de s’intéresser plus particulièrement au bâtiment situé à mi-chemin des deux taberges. Il s’agit d’un entrepôt. Bien entendu, en pleine nuit il est fermé. En sa qualité de spécialiste ès serrures, Sardjo est chargé d’aller jeter un œil à l’intérieur. Il refuse catégoriquement de tenter de pénétrer par la porte côté quai, car ce dernier n’est pas désert. Il décide donc de faire le tour du pâté de maisons pour tenter de trouver une issue par l’arrière. Ses trois compagnons l’attendent un bon moment (au cours duquel Naïd constate que sa cuiller a disparu et soupçonne Sardjo d’en être la cause), puis décident d’aller le chercher. Ils font le tour mais ne le trouvent pas. Inquiets, ils retournent à la Canneberge où leur camarade se trouve déjà : ne les ayant pas trouvés sur le quai quand il est sorti de l’entrepôt (qui renferme des tapis et autres marchandises importées de lointaines contrées orientales), il est rentré. Il affirme ne pas avoir pris la cuiller de Naïd.
Le lendemain, les aventuriers se rendent à l’auberge de l’étoile d’argent, en espérant obtenir des conseils de la part de Volodar, mais on leur dit qu’il est parti faire une course. Naïd se rend au temple du Poisson d’Argent pour y consulter (moyennant finance) les registres fiscaux du cadastre, et apprend que l’ancien propriétaire de chez Fynnyggyn (qui s’appelait alors « Les cordeliers » était un dénommé Scoran (qui a vendu son établissement à l’actuel propriétaire il y a huit ans).
Le groupe retourne sur le quai. Dans les décombres incendiés, Naïd se retrouve dans une écurie avec des chevaux qui parlent (et font des commentaires désobligeants à son propos).
Ils pensent que le tableau accroché au dessus de la cheminée de Fynnyggyn a probablement des propriétés magiques. Se renseignant auprès de son voisin, un marchand de voiles d’une cinquantaine d’années nommé Pranilf, ils apprennent que celui-ci a toujours connu le tableau dans l’établissement, même du temps du précédent propriétaire. Il leur explique aussi que le gendre de Grovar (frère de Scoran), propriétaire du magasin de cordes, s’appelle Génart. Veuf, il est parti habiter chez sa fille dans la Main qui travaille, mais Pranilf ignore l’adresse de cette dernière.
Eorl interroge une bande d’enfants qui jouent sur le quai, mais ses questions les incitent à aller dans les ruines incendiées en espérant y voir le fantôme. Il les y suit, mais cette fois-ci elles ont bien le même aspect que vues de l’extérieur.
La matinée touche à sa fin et le groupe retourne chez Fynnyggyn. Celui-ci est en cuisine mais ils tombent sur sa fille Malirne, rousse comme lui. Ils décident de s’y installer pour déjeuner. Naïd fait une détection de la magie sur le tableau, qui s’avère négative. Les aventuriers pensent désormais qu’ils ont affaire, non pas à un fantôme, mais à une illusion. Quoi qu’il en soit, vu que Fynnyggyn ne semble pas désireux de les voir faire disparaître l’apparition, il est peu probable qu’ils puissent en tirer de l’argent. Ils décident de s’intéresser plutôt au cas de Popeye.
Fynnyggyn leur explique que celui-ci loue une chambre au dessus du Chat borgne, un bordel miteux situé un peu plus loin sur le quai des contrebandiers (en allant vers la Faille). Ils vont le voir, le trouvent avec la gueule de bois, et lui proposent que la compagnie de la Canneberge aille « nettoyer » sa taberge. Popeye accepte avec joie, et à leur demande insistante il leur signe une décharge pour les autoriser à pénétrer dans son établissement.
Avant tout, les aventuriers retournent chez Volodar pour l’informer de ce qui se passe et obtenir de précieux conseils, mais il vient de partir. Ils rentrent donc à la Canneberge pour préparer l’opération.
Asric, qui ne dispose pas dans son grimoire de sorts pouvant être utiles face à des morts-vivants, décide de ne pas venir. Il est chargé par ses compagnons de faire faire des devis pour installer un chauffage dans les chambres sans cheminée.
Le groupe se rend à l’antenne des surintendances locales sur le quai des contrebandiers, pour y rencontrer l’équipe qui est intervenue sur l’incendie du magasin de cordes. Ils apprennent qu’ils sont intervenus immédiatement car ils se rendaient justement chez Fynnyggyn pour y boire un coup, et que Kenivit, leur clerc, a bien aidé à éteindre le feu par aquagenèse. Ils ignorent ce qui a pu causer le départ de feu. Le bâtiment était inoccupé à ce moment, et d’ailleurs Génart parlait de prendre sa retraite, son activité ayant fortement périclité.
Accompagné de ses camarades, Naïd retourne au temple du Poisson d’Argent pour obtenir les coordonnées de la fille de Génart : elle s’appelle Transiel et habite échelle du beurre. Avant d’aller la voir, ils passent chez Volodar pour l’informer de ce qu’ils font, mais ça n’a pas l’air de susciter de curiosité particulière chez lui.
Dans l’échelle du beurre, ils découvrent que les pavés sont glissants et doivent faire attention pour ne pas glisser.
Transiel tient une mercerie. À leur demande, elle va chercher son père, un vieillard chenu avec quelques touffes de cheveux blancs. Ils apprennent de lui que le tableau se trouvant sur la cheminée chez Fynnyggyn avait été acheté par son oncle dans un vide-maison parce qu’il le trouvait joli ; il n’en sait pas plus à son propos. Les aventuriers prennent congé et retournent sur le quai des contrebandiers. À l’intérieur des ruines, ils voient cette fois-ci des joueurs de fléchettes dans une compétition sérieuse. Lorsqu’ils entrent chez Fynnyggyn, la fantôme est installée sur la petite scène de la grande salle, en train de jouer de la musique pour le plus grand plaisir de l’auditoire.
Le groupe retourne à la Canneberge, où ils retrouvent Asric qui a fait faire des devis pour une cheminée chauffant sa chambre et celle d’Eorl : les tarifs vont de 4 à 7 rondes.
Naïd sacrifie un pigeon acheté au marché pour lancer un sort de divination et savoir si l’éradication des morts-vivants chez Popeye est envisageable. La réponse n’étant pas défavorable, la compagnie de la Canneberge s’équipe et reprend nuitamment la direction du quai des contrebandiers.
Ils passent dans la ruelle derrière chez Popeye pour voir comment la situation se présente : il y a un petit escalier montant vers une porte barrée comme celle de devant. Eorl et Bergarian débloquent la porte, puis Eorl l’ouvre. La lumière de la lanterne de Naïd lui montre qu’elle donne sur la cuisine. Avant d’aller plus loin, Naïd lance une bénédiction sur ses compagnons.
Eorl pénètre dans la taberge obscure mais son infravision ne détecte rien. Il fait de la lumière avec la lanterne et découvre un zombi sur le point de se jeter sur lui. Les compagnons de la Canneberge entrent en force et massacrent sans grande difficulté les morts-vivants (huit squelettes et six zombis). Bergarian et Tobert (qui s’est en outre vautré de tout son long pendant le combat) sont légèrement blessés. Naïd leur prodigue les premiers soins, puis soigne magiquement Bergarian.
Le lendemain, Tobert et Asric vont chercher Popeye, qui est épaté et ravi de retrouver sa taberge assainie. Avec leur aide, il charge les cadavres dans une brouette empruntée à l’entrepôt voisin et fait des allers-retours jusqu’à la jetée pour les jeter dans le lac.
Tobert accompagne Popeye à sa banque et lui extorque 490 rondes (tout son compte en banque) en paiement du service rendu.

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