Compte-rendu d’une partie d’AD&D.
Le MJ n’ayant pas pris beaucoup de notes et le compte-rendu ayant été rédigé quelques temps après la partie, le résumé sera probablement approximatif sur plus d’un point.
Laelith, mois de feu naissant, année du Roi-Dieu 1016. L’hiver rigoureux qui touche à sa fin a conduit la compagnie aventureuse de la Canneberge à faire installer une cheminée dans les chambres qui en étaient jusqu’à présent dépourvu (celles du pisteur Eorl Thornen et de l’envoûteur Asric), ce qui leur a valu un contrôle par un inspecteur des cheminées (et l’impôt qui va avec). Ne trouvant pas de proposition dans leurs cordes qui n’impliquerait pas de quitter la Ville Sainte ou de s’aventurer dans le Cloaque, les aventuriers, faute de fantôme à élucider, continuent à exercer de petits boulots pour vivre (et payer les multiples taxes qui pèsent sur les résidents de Laelith). Ils parviennent quand même à économiser un peu d’argent et même à se payer quelques loisirs.
C’est ainsi que Sardjo se rend un soir au théâtre de minuit, pour y assister à un spectacle comique. Ne le voyant pas revenir, ses camarades le croient resté en bonne compagnie, et ce n’est que le lendemain soir qu’ils s’inquiètent de son absence prolongée et partent à sa recherche vers le théâtre, situé à une grosse centaine de mètres de leur repaire. Eorl et l’adepte d’Ahto Naïd Jambara, attirés par le manège de plusieurs chiens errants fourrageant parmi des détritus dans un étroit passage entre deux bâtiments, à deux pas du théâtre, réalisent soudain qu’ils sont en train de se repaître du corps de leur compagnon ! Celui-ci, qui s’était apparemment glissé là pour satisfaire un besoin naturel, a manifestement été lardé de multiples coups dans le dos, causés par une lame ou par des griffes ou des crocs bien acérés. Le tueur, d’une force considérable, s’est véritablement acharné sur lui.
Les aventuriers se rendent au théâtre de minuit, où ils interrogent la réceptionniste. Celle-ci leur confirme qu’un homme correspondant à la description qu’ils lui font de Sardjo s’est bien rendu au spectacle de la veille. L’affluence était normale (une cinquantaine ou soixantaine de personnes) et elle ne se souvient pas d’un quelconque incident. Ils parviennent également à rencontrer le directeur du théâtre, Auguste Martellus, qui parle en déclamant d’une voix forte comme s’il était sur une scène, mais celui-ci ne peut leur apporter plus de renseignements. Comme ils se sont présentés comme étant de la compagnie de la Canneberge, Martellus leur déclare qu’il les connait, et ajoute : « C’est vous qui avez un ogre ! » (sans doute en référence au cuisinier de l’ancienne auberge de la Canneberge, où ils se sont désormais installés), ce qu’ils doivent nier avec insistance.
S’éclairant avec la lanterne de Naïd, car la lune, à son dernier quartier, ne fournit qu’une lumière bien insuffisante pour marcher d’un bon pas dans la nuit laelithienne, les aventuriers se rendent au poste du cobalt, le poste de garde dont dépend le quartier, auquel ils ont déjà eu affaire à quelques reprises et où ils commencent à être connus. Le poste est claquemuré pour la nuit, mais lorsqu’ils déclarent qu’ils sont venus pour signaler un meurtre, le planton de garde leur ouvre, et deux gardes les accompagnent jusqu’au cadavre. Ils examinent superficiellement la scène, se demandent si tout ça n’est pas l’œuvre d’un ogre, ou d’un ours, ou peut-être d’un troll, et demandent aux aventuriers d’emporter le corps de leur défunt camarade et de se charger des funérailles.
Naïd la prenant par les épaules et Eorl par les pieds, ils reviennent à la Canneberge avec la dépouille, qu’ils installent sur son lit. Ils constatent qu’il n’a pas été délesté de sa bourse ni de ses effets personnels.
Le lendemain matin, Naïd fait appel aux pouvoirs d’Ahto pour invoquer l’âme de Sardjo et lui demander qui l’a tué (il l’ignore) et ce qui s’est passé (il s’était glissé dans le passage pour pisser en partant du théâtre, et on l’a frappé par derrière). Ahto ne lui permettant pas de poser plus de questions, l’adepte décide de surseoir d’une journée aux funérailles pour pouvoir recommencer la procédure le lendemain.
Eorl retourne au poste du cobalt pour savoir si l’enquête avance. Il y apprend qu’une deuxième personne, un dénommé Dozois, a été tuée la nuit dernière dans des circonstances similaires en rentrant à son auberge après avoir assisté au spectacle du montreur d’ours du théâtre de minuit. D’ailleurs, le saltimbanque et son animal sont les premiers suspects.
Peu confiante dans les compétences des gardes, la compagnie décide de mener sa propre enquête pour retrouver le meurtrier de Sardjo. Après que certains de ses camarades aient agacé Martellus en revenant lui poser des questions insistantes après le passage de la garde (il les envoie balader en leur déclarant avec insistance que l’ours est fermé dans sa cage), Bergarian tente de se faire embaucher comme garde par le théâtre, mais il est éconduit.
Tobert quant à lui se rend au Comptoir de l’aventure pour tenter d’y recruter un nouveau roublard, dont la compagnie aurait bien besoin.
Sur les indications qui lui ont été fournies au poste du cobalt, Eorl tente de retrouver l’endroit où a été découvert le corps de Dozois. Il l’identifie aux quelques traces de sang sêché sur et entre les pavés, et tente d’interroger les voisins, mais personne n’a rien vu (il a cependant la surprise de tomber sur une petite vieille qui sait qu’il fait partie de la compagnie de la Canneberge et lui demande s’ils ont bien un ogre). Il pousse jusqu’à l’auberge des Quatre éléments, située un peu plus haut dans cette échelle, où Mitzer l’aubergiste lui apprend que Dozois était l’un de ses clients, qu’il était arrivé chez lui depuis environ une semaine et qu’il fréquentait le temple du Crâne. Il s’inquiète sur les conséquences que pourrait avoir un meurtre aussi sanglant sur la fréquentation de son établissement.
Les aventuriers pensent qu’un tueur s’en prend aux personnes qui fréquentent le théâtre de minuit. Le soir venu, Naïd et Bergarian d’un côté, Tobert et Asric de l’autre, se placent de façon à observer les issues du bâtiment, tandis qu’Eorl et Rosaline vont à l’intérieur assister au ballet des danseuses (parmi lesquelles le pisteur reconnait la réceptionniste qu’il a interrogée la veille). La salle n’est pas comble. Parmi le public, principalement masculin, les aventuriers reconnaissent deux des gardes du poste du cobalt. Après la représentation, Eorl tente d’accéder aux coulisses pour interroger les danseuses, mais il se fait rembarrer par un membre du personnel, le costaud aux cheveux courts frisés qui avait éteint les chandelles dans la salle avant le début du spectacle, qui finit par se fâcher quand le pisteur insiste en expliquant qu’il veut poser des questions en rapport avec les meurtres. L’accusant de faire partie des voyeurs attirés par lesdits meurtres, il lui demande avec véhémence de quitter les lieux.
Tandis que leurs compagnons restent pour surveiller le théâtre, Rosaline et lui se mettent à suivre le flot de spectateurs qui repartent en direction de la terrasse de la Prospérité (donc vers l’endroit où Dozois a été tué). Ils suivent l’un d’eux jusqu’à une taberge aux confins de la Chaussée du Lac, puis rejoignent le reste de la compagnie.
Le lendemain matin, Naïd invoque à nouveau l’âme de Sardjo pour connaître ses dernières volontés et ses souhaits en matière de cérémonie funéraire, puis la compagnie descend jusqu’à l’Inlam par un flégard pour l’immersion du corps.
Les aventuriers retournent au poste du cobalt, où ils expliquent qu’ils mènent leur propre enquête et proposent de partager leurs informations avec la garde. Le planton leur propose de devenir carrément adjoints de justice, mais en l’absence d’un kor-rahel (le précédent, Bulrick, est mort pendant l’hiver d’une mauvaise grippe, et le poste est en attente de la nomination de son successeur) personne ne peut approuver la paperasserie pour l’instant. Il leur apprend que le tueur a fait une nouvelle victime la nuit dernière : le montreur d’ours du théâtre de minuit, ainsi que son ours, tués dans le bâtiment annexe du théâtre où ils dormaient. Tout le monde se demande bien qui peut ainsi être capable de tuer un ours de cette manière, et l’hypothèse d’un ogre ou d’un ours-garou semble être la plus communément retenue.
En fin de matinée, le théâtre de minuit étant investi par les gardes qui y mènent leur enquête, Naïd et Bergarian se rendent à la taberge du cornemuseux bleu (établissement respectable et bien tenu, dont l’enseigne peinte en bleu représente un joueur de cornemuse), située à quelques pas du théâtre. Outre le tabergiste (un demi-elfe au tablier blanc immaculé porté sur des vêtements à damier bleu et jaune) et une serveuse, il n’y a dans la salle à cette heure qu’un unique client, un demi-elfe aux cheveux blancs ébouriffés et à l’air un peu ahuri. Quelques clients arrivent ensuite, dont deux attirent plus particulièrement l’attention des deux compagnons : d’une part, l’un des pensionnaires de la taberge, un homme au maintien noble ayant l’allure d’un chevalier, qui s’installe à la même table que le demi-elfe ébouriffé, ce dernier s’enquérant de ses maux de tête et se voyant répondre que la potion ne fait pas encore beaucoup effet ; d’autre part, un individu aux longs doigts manifestement bouleversé qui s’installe sans mot dire au comptoir et se met à enfiler les bières. Naïd apprend du tabergiste qu’il s’agit du maître de musique du théâtre, qu’il a probablement été très fortement secoué par les évènements de la nuit dernière, et qu’il vaut mieux le laisser en paix.
Eorl va discrètement dans la courette sur le côté du théâtre, où il repère les traces du passage d’un humanoïde qui a franchi le muret (haut d’environ 1m20), traversé jusqu’au bâtiment (à l’intérieur duquel se trouvent encore les corps du montreur d’ours (dans son lit) et de son animal (dans sa cage), dans un état comparable à celui de Sardjo) puis est ressorti en suivant le même trajet.
L’après-midi, tandis que Tobert est au comptoir de l’Aventure, le reste de la compagnie se lance dans une enquête de voisinage autour du théâtre de minuit. Naïd va se faire couper les cheveux chez le coiffeur installé en face de l’entrée du théâtre, espérant recueillir quelque rumeur ou information qui le mettrait sur une piste. Puis il retourne avec Eorl au cornemuseux bleu, où le musicien est toujours prostré sur son coin de comptoir. Eorl tente d’interroger le tabergiste. Naïd apprend de la serveuse que le pensionnaire migraineux est un chevalier venu de Lalitha nommé sire Sulterr. Les deux camarades se rendent ensuite chez le facteur d’instruments de musique installé juste en dessous du théâtre (de l’autre côté de la statue d’une femme tenant une cruche dont elle semble déverser le contenu dans un baquet à ses pieds, et qui donne au quartier son nom de quartier de la cruche). Au milieu d’un capharnaüm d’instruments de musique en tous genres, ils découvrent l’artisan fumant de la drogue et raide défoncé. Ils tentent de l’interroger, mais n’apprennent pas grand-chose d’instructif de lui en dehors du fait que Martellus ne l’aime pas. Il n’était manifestement pas au courant des récents meurtres, et en apprenant la mort de l’ours, il s’affole jusqu’à ce qu’il retrouve son chat Hamlin qui dormait paisiblement dans l’atelier.
En sortant, ils retournent au théâtre, les gardes étant repartis ; mais on refuse de leur ouvrir la porte. Le panneau indiquant le programme des spectacles des prochains jours n’est plus installé devant l’établissement.
Laissant le reste de la compagnie enquêter, Naïd et Eorl se rendent à l’auberge de l’étoile d’argent pour voir Volodar et lui parler des meurtres, mais celui-ci, qui semble se demander pourquoi ils viennent lui parler de tout ça, ne leur est pas d’une grande aide et leur conseille de s’adresser plutôt au poste du cobalt. Les deux camarades retournent dîner au cornemuseux bleu, où ils assistent à l’arrivée d’un commis de quinze ou seize ans apportant un paquet à sire Sulterr, qui lui remet un pourboire. Le paquet contient une fiole de potion bleue que le chevalier verse dans son verre de vin et avale cul-sec en faisant la grimace, avant de monter se coucher. Naïd demande à la serveuse pourquoi sire Sulterr n’a pas le même plat que les autres clients (veau et pommes de terre), et elle lui explique qu’il s’est vu prescrire un régime spécial à base de fèves et d’ail pour soigner sa migraine persistante. Eorl rattrape le commis à sa sortie de la taberge pour lui poser quelques questions (moyennant une ronde). Celui-ci lui explique qu’il est l’apprenti de l’herboriste Solstgang depuis bientôt deux ans, que la potion a été préparée par son maître pour soigner les migraines de sire Sulterr, qu’il la lui apporte chaque soir depuis quelques jours que le traitement a commencé, et qu’il n’a pas lui-même participé à sa fabrication. Quant au musicien, il cuve affalé sur le comptoir ; le tabergiste explique à Naïd qu’il va le garder ici pour la nuit et que ce n’est pas la première fois que ça arrive.
Eorl et Naïd rejoignent leurs camarades à la Canneberge. Bergarian déclare en rigolant à moitié qu’il a trouvé un excellent suspect, l’un des apprentis du forgeron installé pas très loin du cornemuseux bleu, qui est très grand et très costaud. Les autres n’ont rien appris d’intéressant. Tout le monde ayant mangé, ils vont faire des rondes dans les rues proches du théâtre et surveiller le cornemuseux bleu, car ils se demandent s’il n’y aurait pas un lien entre la potion que prend sire Sulterr et les meurtres, qui semblent avoir débuté peu après le début du traitement. Il n’y a pas de représentation ce soir (comme l’indique une affiche placardée sur la porte d’entrée), et la principale animation dans les rues ce soir vient donc des clients qui entrent et sortent de la taberge.
Cette dernière ayant fermé depuis plusieurs heures, personne n’en étant sorti depuis, les rues étant calmes et la nuit déjà bien avancée, les aventuriers rentrent à la Canneberge pour prendre un peu de repos.
Le lendemain matin, ils se rendent au poste du cobalt pour échanger des informations, et apprennent que le maître de musique du théâtre de minuit a été assassiné dans des circonstances similaires à celles des précédents meurtres alors qu’il dormait dans la grande salle de la taberge du cornemuseux bleu. De ce que sait le planton, il n’y a pas eu d’effraction : selon lui, le tueur est probablement passé, soit par la cheminée, soit par la cave depuis le Cloaque. Ses collègues sont sur place pour enquêter.
(à suivre)