Un dimanche à l’église (what the f*** !?)

Kirche zum Heiligen Kreuz Berlin, KreuzbergLes milieux militants berlinois, les féministes, les anti-homophobie, les libertaires, les athées, les victimes de violences sexuelles au sein de l’Eglise, s’activent contre la venue du Pape à Berlin en septembre prochain. Leur slogan donne un avant-goût assez précis de l’accueil qui sera fait au monsieur : “Papst in Berlin ? What the fuck !?” (Le pape à Berlin ? C’est quoi ce bordel !?)

Et pendant ce temps-là, enfer et damnation, mea culpa, je viens, moi, de donner 50 centimes d’euros à l’Eglise de la Sainte-Croix… en échange d’un café. Une partie de son rez-de-chaussée est en effet aménagée en bar. Alors voilà, j’ai craqué, j’ai péché.

Kirchen CaféMais le déluge s’abattait sur moi, la maison – les pipirooms de la maison surtout – était encore très, très, très loin, je venais de rater le bus…

Aide aux demandeurs d'asile. PermanencesMais cette église assure des permanences d’aide aux demandeurs d’asile, y compris en langues arabe et serbo-croate…

Mais boire un coup dans une église c’est quand même rigolo…

Bon. Ok. Je sors.

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Cours

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Je ne sais pas si c’est très caractéristique de Berlin mais ici très souvent, une entrée d’immeuble donne accès à deux, trois, parfois quatre immeubles les uns derrière les autres, séparés par des cours intérieures plus ou moins investies, souvent … Continue reading

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“Quand nous étions encore politiques”

A la mémoire de Carlo Giuliani. Tué par la police lors du contre-sommet de Gênes - 2001 - Manifestation 16 juillet 2011 BerlinQu’est-ce qu’être politisé-e ? Quand est-on politisé-e et quand est-on endoctriné-e ? Quand est-on militant-e et quand est-on moine-soldat-e ? C’est l’une des questions qui doivent le plus “faire frire le ravioli” (comme dit l’Oracle) de quiconque essaie d’être radical-e et engagé-e aujourd’hui. Peut-être peut-on dire :

– être politisé-e, c’est penser que l’état du monde n’est pas un état “naturel” mais le produit de rapports de forces, et qu’en faisant bouger les rapports de force on peut modifier l’état du monde.

– être endoctriné, c’est penser qu’il n’y a qu’une et une seule bonne manière de vivre pour soi et ses 7 milliards de congénères actuel-les (et les générations futures accessoirement), ou qu’un et un seul principe explicatif du monde, etc. Et que coup de bol dis-donc, dans sa petite tête fortiche à soi (ou dans son petit parti, ou secte, etc.), on sait exactement ce que c’est !

"Quand nous étions encore politiques". Fête au MorgenrotL’un n’est pas exclusif de l’autre, et le premier ne protège pas du second. On verra ce qu’en disent les collectifs qui organisent demain la fête “Quand nous étions encore politiques” dans la cour du Morgenrot : spectacle-débat, bouffe et concert. Miam.

Sauf si la météo pourrie néantise ce programme bien appétissant comme elle a (sans doute) aboli aujourd’hui la soirée ciné-débat en plein air qui devait se tenir dans la cour du centre social autogéré Die Bunte Kuh (La Vache Multicolore), soirée consacrée aux 10 ans du contre-sommet de Gênes – durant lequel le jeune Carlo Giuliani fut abattu d’une balle dans la tête puis son corps écrasé deux fois par la jeep des flics.

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Nombres d’or à Pregnancy Hill

Berlin Subversiv“From Protest Hill to Pregnancy Hill” (De la colline des dissidences à la colline des grossesses)

C’est le titre rigolo qu’a donné Win Windisch à son Prenzlauer Berg Tour. Ce jeune étudiant né à Berlin-Est, âgé de sept ans à la chute du mur, propose des visites guidées alternatives (en allemand ou en anglais) où il cherche à faire l’histoire populaire des différents quartiers de Berlin. Il cite Howard Zinn comme source d’inspiration de sa démarche.

Notre petit groupe hétéroclite (un couple de retraités de Seattle, un jeune New-Yorkais et ses deux amies Allemandes, deux Espagnols, une Kowetienne qui vit en Australie, deux anglaises de Bristol, un couple de Suisses avec leurs très jeunes enfants…) a donc arpenté Prenzlauer Berg durant trois heures en sa compagnie et découvert des tas de personnages et d’événements-clés du quartier dont ne parle pas l’Histoire officielle.

Un "nombre d'or" à Prenzlauer BergWin Windisch a un discours très affûté sur la chute du mur et sur ce pour quoi se battaient les dissident-es d’Allemagne de l’Est : contre un système violemment invivable et pas pour la marchandisation de toutes choses.

On voit aussi qu’il adore son quartier. Parmi les mille anecdotes qu’il raconte, il y a l’histoire des numéros d’or. A Berlin Est, l’État décernait chaque année une distinction aux immeubles où régnait un esprit collectif exemplaire. On les distinguait pas une plaque-écusson portant le numéro de rue en doré. D’où leur surnom de maison au nombre d’or. Win a lui-même grandi dans l’un de ces immeubles récompensés où l’on bricolait et entretenait les locaux ensemble, mangeait très souvent tous ensemble, etc.

Toujours est-il que d’après lui, pour de nombreux Est-Allemands qui ont vécu 1989, l’ambiance actuelle de mécontentement diffus mais généralisé ressemble beaucoup aux quelques mois qui précédèrent l’ouverture du mur…

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Onze femmes et un ballon

Franziska Vollborn, Ohne Titel, gehäkeltes Lederobjekt, 2006La coupe du monde de football féminin, accueillie par l’Allemagne, vient de se terminer.

On ne dit pas “la coupe du monde de football masculin” pour la coupe des hommes. On dit la coupe du monde de football tout court. Exemple classique de squattage du neutre/universel par le groupe dominant. Les hommes ont éventuellement un sexe quand cela leur est nécessaire, mais n’ont pas à se définir par cela en premier lieu. Ca marche bien sûr aussi très bien dans tous les autres systèmes de domination, comme par exemple quand on parle des “personnes de couleur” – sous-entendu : les “blancs” n’ont pas de couleur. Ils ne sont pas définis par une couleur, ils ne sont plus un groupe parmi d’autres, ils deviennent le neutre, la norme par rapport à quoi tous les autres se voient assigner des identités stigmatisantes, ou au moins a-normales. D’ailleurs les combats émancipateurs ne visent pas – contrairement à ce que prétendent toujours les dominants au début, mais faut pas faire attention 🙂 – à détruire les individus du groupe dominant, mais à supprimer ce rapport, c’est-à-dire à bouter ce groupe hors du neutre, à le ramener dans le concert général et finalement, à dissoudre la ligne de démarcation qui sous-tendait sa domination en ôtant à celle-ci toute signification sociale.

Bref. Les françaises ont terminé 4èmes. Elles ne sont pas sur le podium, mais il paraît qu’elles se sont battues superbement et que leur résultat est historique. A leur retour en France, elles ont été accueillies au siège de la FFF par deux supporters.

Hiller tract against Paragraph 175Pour se consoler, on file au Musée Homosexuel voir l’expo “D’un autre côté. Objections artistiques à la Coupe du Monde de Football Féminin 2011” ou “Le beau côté de 2011 – plusieurs options…”. Le titre tacle le slogan officiel de la FIFA pour cette coupe du monde : “THE BEAUTIFUL SIDE OF 20ELEVEN!”

Présentation (comme d’hab sur ce blog, les traductions sont sans garantie aucune) :

“A l’occasion de la Coupe du Monde féminine de l’UEFA […] le Musée Gay a invité des artistes à explorer avec leurs ressources le mélange intéressant entre sexe, (homo-)sexualité et football. L’exposition vise à montrer des “pavois” et à thématiser le football comme un champ du ‘doing gender’, comme un espace social et culturel dans lequel il s’agit aussi, et de manière fondamentalement conflictuelle, de l’ordre social des sexes.
 
On pourra voir 23 contributions d’artistes venant de toute l’Allemagne et de tous les domaines : peinture, photographie, vidéo, sculpture, installations et documentaire. L’éventail des questions sur le sujet est diversifié – comme le sont les positions des artistes, comme par exemple :
 
Les hommes jouent-ils vraiment tellement plus vite et leur jeu est-il donc vraiment plus intéressant que celui de leurs collègues féminines ? Et celles-ci ont-elles vraiment un jeu plus beau, ou alors pourquoi insiste-t-on aussi lourdement sur ce point ? Qu’est-ce qui serait alors le plus beau côté de 2011 ? Est-ce une référence au conflit dans lequel se trouve le corps des joueuses, entre optimisation continue de la performance qui repousse toujours plus loin les limites de la vulnérabilité, et stratégies marketing dans lesquelles le corps athlétique, plutôt masculin, doit de nouveau apparaître désirable pour les mâles ?
 
Combien politique est le football et combien est-il lesbien ? Est-ce un terrain de jeu classique pour le développement d’une masculinité plus féminine et d’une féminité non hétéro-normative, et donc un terrain classique pour les femmes lesbiennes ? Mais alors pourquoi la contribution décisive des nombreuses joueuses lesbiennes au développement du football féminin n’est-il pas applaudi ? Pourquoi ces réactions irritées à la question de l’homosexualité dans le football ?
Quels sous-textes érotiques sont impliqués ici ? Cela devient peut-être plus clair dès lors que le football, sport typique des hommes, est confronté aux techniques culturellement féminines, comme coudre, broder ou cuisiner ? Et quand les scènes de football sont confrontées aux vieilles techniques des tableaux de maîtres ? Et last but not least: où se trouve en vrai le service à café qu’ont reçu les nationales en récompense de leur victoire à l’Euro 1989 ?
 
Les artistes participant-es sont: Marion Denis, Risk Hazekamp, ​​Christian Romed Holthaus, Linda Horn, Gudrun Knapp, Maria Kossak, Kathe Kruse, Julia Lazarus, Soo-San Lee, Jenny Lobert, Albert Markert, Robert Lange, Christine Olderdissen, Monika Ortmann, Susken Rosenthal, Toni Schmale, Katja M. Schneider, Siobhan Tarr, Maik Teriete, Franziska Vollborn, Tom Weller.
 
Nous exposons aussi le célèbre service de porcelaine que reçut le Onze d’Allemagne féminin en reconnaissance de sa victoire à l’Euro 1989 (prêté par Petra Landers).

 

Apparemment Villeroy & Bosch, le fabricant dudit service à café, a remis ça cette année, genre coup de pub qui se voudrait un peu provoc…

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Querdenker

J’avais dit que je regardais qui sont au juste les querdenker (penseurs non-conformistes) présentés dans l’expo “Allemagne pour débutants”. Voici donc le portrait à quinze faces de la pensée non-conformiste telle que proposée par “Deutschland für Anfänger” :

  1. Quinze penseurs et penseuses non-conformistes selon l'expo Deutschland für AnfängerHermann Scheer : cf.  Wikipedia
  2. Götz Werner : idem
  3. Karlheinz Stockhausen : idem
  4. Michael Succow : idem
  5. Heiner Müller : idem
  6. Alice Schwarzer : Tiens, une femme
  7. Alexander Kluge : Wikipedia toujours
  8. Christian Führer : Wikipedia mais pas en français
  9. Wolf Biermann : le beau-père de Nina Hagen 😉
  10. Georg Baselitz :
  11. Pina Bausch : Carrément 13% de femmes maintenant !
  12. Joseph Beuys : ici
  13. Hans-Peter Dürr : ici
  14. Christoph Schlingensief  :
  15. Herbert Achternbusch : ici

Je ne sais pas ce qui a présidé à ces choix, ni s’illes seront ravi-es d’être comparé-es au “libre penseur” Thilo Sarrazin, comme le fait l’interviewé dans ce doc d’Arte (à 1’29”), qui ne relève même pas [pdf]. Apparemment le type est une sorte de Zemmour allemand, mais Arte n’est pas censée faire du Ruquier normalement…

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Weblog reloaded

Retrouvailles avec Berlin la belle. On m’a prédit que je la reconnaitrai à peine, croulant sous la verdure estivale… On verra ça demain à la lumière.

Es ist genug für alle daVu à Offenburg. “Il y a suffisamment pour tout le monde”. Ca pourrait être très politique comme affiche, mais non rassurez-vous, c’est juste une campagne de charité de plus. Les inégalités se fabriquent toutes seules par magie, hop, et ensuite, vous et moi (qui au passage devrions avoir honte d’avoir un toit et pas faim) sommes prié-es de venir poser notre sparadrap sur l’hémorragie. Parce qu’avec plein plein plein de sparadraps on arrivera peut-être à refermer l’artère non ? Bon d’accord, dans le même temps on taillade ladite artère à tout va pour faire plaisir aux possédants marchés. Mais ce n’est pas une raison pour vous défiler, bande d’égoïstes.

Je ne supporte plus cette charité apolitique à deux balles. Ou peut-être très politique au contraire ?

Vu dans la voiture resto-bar du train à grande vitesse. Au comptoir, deux hommes portant chacun un minuscule bébé d’une main, sympathisent, se serrent l’autre main au moins trois fois, rient beaucoup, papotent à l’infini, concluent la conversation puis la relancent encore et encore. Ils ont l’air ravi. Pendant ce temps les deux bébés se regardent avec la plus grande attention en bavant comme des escargots.

Vu dans la même voiture. Hasard ou pas, les trois serveuses sont en chemise et pantalon, comme leurs deux collègues masculins. Un CEC* égalitaire, pensez bien que je l’ai remarqué.

* Coefficient d’Exposition Corporelle. Outil pédagogique féministe mais comme il est tard, je ferai la fiche technique une autre fois.

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Tschüß Berlin !

Berlin HauptbahnhofUnd bis bald. Après quelques petites semaines bien trop vite passées, il est déjà temps de te quitter… et de caler les choses pour revenir te voir le plus tôt possible ! D’ici là bonnes luttes à toi, jolie Berlin.

 

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“Ludwig Wittgenstein, contextualisations d’un génie” au Musée Homosexuel

Schwules Museum (Musée Homosexuel) Berlin

Le Petit Futé prétend que le Musée Homosexuel de Berlin est unique au monde. J’ai vraiment du mal à imaginer que nulle part ailleurs sur la planète aucune institution muséale ne soit consacrée à l’histoire de l’homosexualité, de sa répression et de l’homophobie. Mais bon s’ils le disent…

Bref, j’ai enfin pris le temps de visiter le Schwules Museum, à deux pas de chez moi lui aussi – oui, moi aussi ça m’épate chaque jour : que Berlin fasse 900km2, et qu’il y ait autant de choses à deux pas de chez moi…

Le premier étage constitue l’exposition permanente, un déroulé chronologique assez classique depuis la Grèce antique jusqu’aux années soixante dix, en passant par les avancées importantes de l’époque des Lumières, la répression nazie, etc.

Le rez-de-chaussée et le deuxième étage sont dédiés aux expos temporaires. Actuellement, Ludwig Wittgenstein est à l’honneur et entre tout plein d’autres choses, on se penche avec émotion sur les originaux de lettres qu’il a reçues de Bertrand Russel, John Meynard Keynes et autres sacrés bonshommes.

Melitta Sundström, Mehringdamm 61, BerlinLe Schwules Museum possède une annexe fort agréable baptisée Melitta Sundström, du nom d’un artiste travesti décédé en 1993. Le Melitta est un immense bar-pub sur plusieurs niveaux, où l’on peut en journée boire un café au soleil en terrasse au rez-de-chaussée, et le soir venu grimper au deuxième étage s’affaler dans des fauteuils moelleux pour écouter de jeunes gens surdoués (surtout le pianiste !) bœufer des heures durant.

Melitta Sundström, Berlin

Le premier étage est plutôt je crois un antre à DJs, je vérifierai la prochaine fois 😉

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