J’évite ordinairement de m’exprimer ailleurs qu’en privé sur le sujet israélo-palestinien, un sujet particulièrement glissant et prompt à susciter les passions, surtout parmi ceux qui, par leur religion ou leurs ancêtres, s’identifient spontanément à l’un ou l’autre camp.
Mais aujourd’hui, franchement, je vais ouvrir ma gueule au sujet de l’acte de piraterie accompli par les forces armées israéliennes sur des navires se trouvant dans les eaux internationales (si l’on en croit les informations qu’on nous propose, mais vu que mes sources françaises, anglaises et américaines concordent, j’aurais tendance à penser qu’on peut réfuter le sempiternel argument selon lequel les médias français font encore une fois passer les Palestiniens pour de pauvres malheureux innocents opprimés et les Israéliens pour des salauds d’oppresseurs dont les méthodes n’ont rien à envier à celles des nazis (ouais, je l’ai écrit, et après ?).
Pasque bien franchement, si je peux comprendre qu’un pays vivant dans un état de siège permanent (peut-être en partie dans la tête de ses dirigeants, mais pas uniquement) estime devoir arraisonner des embarcations prétendument humanitaires à destination de son glacis protecteur (glacis où, accessoirement, vivent plus d’un million de personnes étranglées par un blocus qu’elles sont incapables de briser et que la communauté internationale s’abstient soigneusement de faire cesser ; voyons le bon côté des choses, la planète est déjà surpeuplée (surtout dans ce coin là), alors si quelques centaines de milliers d’êtres humains crèvent là-bas, même si c’est ridiculement négligeable, c’est toujours ça de gagné pour elle…) ; si je peux comprendre que, les passagers de ces embarcations ayant résisté violemment à cet arraisonnement, l’usage raisonné de la force par les militaires ait été nécessaire à sa réalisation ; en revanche, je ne peux ni comprendre, ni admettre, qu’une opération a priori aussi simple à mener avec les moyens dits non létaux dont on dispose de nos jours tourne au bain de sang et au massacre de civils.
Et je trouve particulièrement préoccupant qu’une telle opération ait été ainsi conduite par des responsables (qui, au passage, sont également des coupables) qui savaient fort bien que l’annonce de ces faits choquerait hors de leur pays.
Car ça veut dire que les autorités israéliennes considèrent qu’elles peuvent réaliser ce genre d’actes criminels en toute impunité, sans rien avoir à craindre de la communauté internationale.
Si ça n’avait pas été le cas, elles auraient soigné leur image lors de l’intervention, en particulier en utilisant leurs propres caméras pour diffuser leur propre version des faits.
Et puisque j’ai déjà atteint le point Godwin au début de ce billet, je peux donc sans crainte ajouter que les « héritiers » des victimes d’hier ressemblent de plus en plus à leurs bourreaux de l’époque, qui eux aussi mettaient la communauté internationale devant des faits accomplis sans susciter de réaction particulière avant 1940 (oui, 1940 : ne me faites pas marrer avec la déclaration de guerre en 1939 suite à l’invasion de la Pologne : ce n’étaient que des mots, comme le mieux qu’on puisse attendre des grandes puissances suite aux évènements de la nuit dernière, et la Pologne, on l’a bien laissée crever, comme on continuera à laisser crever les Palestiniens).