Kro en résumé : Dead Reign

Palladium Books Presents :
Dead Reign
Zombie Role-Playing Game
by Kevin Siembieda with Josh Hilden and Joshua Sanford
ISBN-13 : 978-1-57457-140-0
copyright 2008 Palladium Books Inc & Kevin Siembieda
224 pages

JdR post-cataclysmique à base de zombiesLes zombies, comme le fantastique contemporain d’une manière générale, c’est pas vraiment ma tasse de thé. Seulement voilà, c’est à la mode, et à force de matraquage, on a beau n’avoir à la base aucun intérêt pour le sujet, on finit par s’y accoutumer. Et quand à côté de ça, on vient vous expliquer que le JdR de zombies, c’est la version moderne du JdR post-cataclysmique (qui a pris du plomb dans l’aile avec la fin de la Guerre froide), quand on est amateur de post-cata, on finit par se laisser tenter.
Contrairement à ce qui se fait généralement en matière de post-cata rôludique, on se situe ici très peu de temps après la Ruine : quelques mois (cinq) seulement. Une épidémie particulièrement mortelle a ravagé la population, puis les morts se sont ranimés sous forme de zombies, et ceux qu’ils tuent rejoignent à leur tour leurs rangs.

Après une brève esquisse de la Zombie Apocalypse, on a une présentation détaillée et bien faite des zombies, cannibalisable pour d’autres contextes de JdR.
Les zombies de Dead Reign sont plutôt classiques, avec quelques particularités : leur morsure ou griffure ne transforme pas en zombie (il faut être tué par un zombie pour ça ; mais la « mortvivification » ne prend que quelques minutes) ; ils se nourrissent de l’énergie spirituelle des humains (et si nécessaire, des animaux, mais ceux-ci sont moins nourrissants), qu’ils sont capables de voir comme une aura lumineuse (donc tout particulièrement dans l’obscurité : nuit, cave ou autre) ; se nourrir ralentit (et parfois inverse) leur décomposition ; et leurs geignements, qu’ils poussent lorsqu’ils ont détecté la présence d’un humain, attirent les autres zombies. Pour le reste, c’est classique : les zombies sont forts, résistants, lents et bêtes mais sans peur et implacables. Il existe aussi des variantes.
On trouve entre autres dans l’ouvrage 101 idées de scénarios. La plupart sont malheureusement trop spécifiques « zombies » pour être exploitables dans un post-cata classique.
Les règles sont pour l’essentiel reléguées à la fin du bouquin, ce qui est plutôt une bonne idée car l’accent est de ce fait mis sur le contexte, donc sur la partie intéressante ; mais comme cette partie intéressante fait référence aux règles (et utilise en particulier des abréviations de termes de jeu), la compréhension de tous les détails n’est pas évidente pour qui ne connait pas déjà le système Palladium. D’ailleurs, j’ai le sentiment que le gros du bouquin a été conçu comme un supplément pour Beyond the Supernatural, le JdR fantastique-contemporain de Palladium, et que quand la décision d’en faire un JdR à part entière a été prise, on s’est contenté de coller le système de jeu à la suite du reste (voir aussi l’absence d’explications sur les aspects fantastiques non-zombiesques du contexte, explications sans doute superflues pour les utilisateurs de Beyond the Supernatural, mais pas pour les autres).

Je ne suis pas particulièrement amateur de zombies, donc, comme je le disais plus haut. Mais je dois reconnaître qu’en tant que MJ, ces bestioles ont un gros avantage : elles sont faciles à utiliser, puisque (sauf exceptions) elles ne réfléchissent pas : donc pas besoin de se creuser la tête pour élaborer le plan des adversaires des persos, d’être obligé de réfléchir à toute allure pour les gérer en craignant de laisser une faille flagrante alors que les joueurs ont l’avantage d’avoir plusieurs cerveaux pour penser aux actions des PJ, on peut les foutre directement dans la merde et regarder ce qui se passe : ça doit être reposant.
Par contre, côté post-cata, les zombies imposent des limitations particulières qui font que, si certains des éléments présentés dans Dead Reign sont réutilisables vers des post-cata plus traditionnels, d’autres sont spécifiques à la présence de morts-vivants ; ce qui limite l’intérêt du jeu comme sourcebook post-cata une fois qu’on en a retiré les zombies.
Et puis, il y a une différence majeure entre ce contexte et la plupart des post-cata, c’est qu’ici, la menace zombie est tellement oppressante, omniprésente, qu’il n’y a pratiquement pas d’espoir : le moindre zombie qui gémit sur la piste d’une proie en attire d’autres, qui à leur tour en attirent d’autres, et les survivants, aussi nombreux qu’ils soient, se retrouvent tôt ou tard inéluctablement submergés.
D’ailleurs en fait, à bien y réfléchir, est ce vraiment du post-cata ? On est très près de la Ruine, quelques mois à peine, et sa cause est toujours présente et active, donc finalement, c’est plutôt du « cata » tout court. Et c’est ptêt pour ça qu’il n’y a pas d’espoir, car les survivants sont encore le nez dans le guidon, préoccupés de leur survie au jour le jour plutôt que de reconstruction.
Bref, tout ça pour dire que, même s’il y a quelques idées et infos intéressantes à piocher dans Dead Reign, la « portabilité » vers des contextes post-cata classiques n’est pas assurée. Maintenant, si le thème même du jeu vous intéresse, vous pouvez y aller, c’est bien fait, c’est du tout bon (à part ptêt les règles ; mais comme elles sont à la fin du bouquin, le reste est assez facile à réutiliser avec un autre système) ! Avec des zombies qui, bien que dépourvus d’intelligence (pour la plupart…), deviennent plus intéressants (et peut-être aussi, plus dangereux) que lorsqu’ils font simplement l’objet d’une brève notice dans un recueil de monstres. Et puis… ça pourrait ptêt aussi servir d’inspiration pour un contexte cata tout court dans lequel la Ruine n’est pas causée par les zombies, mais par des créatures autrement plus redoutables, car rapides et intelligentes : les Aliens. Il y a ptêt quelque chose à creuser là, mais comme il y aurait encore moins d’espoir pour les survivants, pas sûr que ça présente un réel intérêt rôludique.

Mais le gros, GROS problème que j’éprouve vis-à-vis de Dead Reign est que, malgré ce qu’on essaie parfois de nous faire miroiter, il n’y a AUCUN espoir pour la survie de l’humanité : l’éradication des zombies (à moins qu’on ne nous sorte une disparition aussi mystérieuse et inexpliquée qu’a été leur apparition) n’est pas réalisable (et encore moins avec les moyens (matériels et humains) limités dont disposent les rares survivants (d’autant que les zombies continuent de présenter un danger même lorsque leur corps est salement endommagé, et qu’ils peuvent se nourrir d’animaux, faute d’humains disponibles)). Donc faire jouer quelque chose en campagne ne m’attire absolument pas (indépendamment du peu d’intérêt que j’éprouve pour les zombies). À la limite, je pourrais en cannibaliser des idées pour un contexte un peu moins désespéré. Ou faire jouer un ou deux scénarios, un truc d’ampleur limitée. Ou alors introduire un deus ex machina faisant cesser l’animation des zombies (mais dans ce cas, faudrait d’abord que je trouve quoi). Bref, je vois mal quelle utilisation rôludique on peut en faire (et l’absence de scénario dans la gamme n’arrange pas les choses). Du reste, je me demande dans quelle mesure tout ceci a effectivement été testé en jeu, et pas simplement écrit. Quant à être joueur dans un tel contexte, c’est niet. C’est vraiment pas du tout mon truc, surtout après avoir vu à quel point l’envers du décor est flippant. Et c’est la première fois que je me projette dans un contexte de JdR en me disant qu’un PJ pourrait décemment s’y tourner vers le suicide.
Même dans un truc avec des perspectives aussi sombres que War Against the Chtorr pour GURPS (basé sur la série de romans éponyme de David Gerrold, dans laquelle la Terre est victime d’une terrible et meurtrière invasion écologique extra-terrestre que l’humanité n’arrive pas à enrayer, je n’avais pas ressenti ça (bien au contraire, c’est un contexte qui m’avait énormément plu).

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3 réponses à Kro en résumé : Dead Reign

  1. Ping : Les spammeurs s’excitent | imaginos

  2. [ALT+R] Fred dit :

    Comme joueur, j’ai apprécié quelques parties de Savage World thème zombies. C’était assez amusant, mais il ne faut pas DU TOUT tenir à son perso.

    De fait le MJ tenait à notre disposition des persos de rechange. Conjoint, ami, allié, tout prêts à prendre la place des PJ morts ; enfin, c’était pas forcément tout bon, après mon tarder, je pouvais jouer sa femme enceinte… Efficace contre les zombies.

    C’est surtout les motifs de ce goût pour les morts vivants qui me taraude. On peut voir les humains que nous sommes comme des créatures décérébrées, devant des chaînes de télé pour temps de cerveau disponible… Mais on ne joue pas les zombies, on joue leur repas. Et en effet, on ne peut rien contre eux.

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