Tau zéro
Poul Anderson
ISBN : 978-2-84344-113-4
Le Bélial’, copyright 2012
V.O. : Tau Zero, copyright 1970 Poul Anderson
traduit par Jean-Daniel Brèque
291 pages (avant-propos et postface inclus)
Roman de SF interstellaire hard scienceLe roman raconte le voyage d’un vaisseau spatial interstellaire (à statoréacteur Bussard), envoyé de la Terre vers la troisième planète de Beta Virginis pour voir si elle est habitable (et, le cas échéant, y implanter une colonie). Le voyage, de 32 années-lumière selon les connaissances de l’époque où Anderson écrivait, durera cinq ans en temps subjectif, mais bien entendu (relativité oblige) beaucoup plus pour ceux restés sur Terre : le facteur tau du titre est l’inverse du facteur de Lorentz, donc le rapport entre l’écoulement pour un observateur extérieur et l’écoulement du temps à bord : il vaut racine carrée de [1-(v²/c²)], avec v la vitesse du vaisseau et c celle de la lumière, et tend donc vers zéro quand v approche de c. L’équipage, international et mixte, est principalement composé de scientifiques et de techniques.
Dans un premier temps, le roman s’apesantit sur les coucheries à bord, puis le vaisseau est victime d’une avarie en traversant une petite nébuleuse imprévue sur sa route, qui le rend incapable de décélérer. On assiste alors aux efforts de l’équipage pour trouver une solution permettant de réparer, au moral qui baisse et aux tensions qui montent au sein de ce huis-clos, à la course folle du vaisseau dont la vitesse est telle que des dizaines de milliers d’années s’écoulent à l’extérieur, puis des durées encore plus importantes… jusqu’à la fin de l’univers.
À noter que le personnage principal du récit étant Charles Reymont, le gendarme chargé du maintien de l’ordre à bord, le roman a parfois l’aspect d’une exaltation des vertus de la discipline, qui n’est pas forcément infondée mais a tendance à faire grincer des dents dans nos pays et à notre époque.
La postface de Roland Lehoucq occupe presque trente pages et revient sur les aspects hard science du bouquin. Malheureusement, si c’est une plutôt bonne vulgarisation scientifique des sujets traités, ce texte est plombé par une erreur, puisque la formule qu’il donne pour définir le facteur de Lorentz est erronée (c’est la même que celle du facteur tau d’Anderson, alors que ça devrait être 1/tau) ; c’est peut-être une erreur de maquette, le texte me paraissant correct, mais c’est très gênant.
En conclusion, un roman hard science correct et assez original, mais pas passionnant (Anderson nous avait habitué à bien mieux), et qui vaut finalement peut-être surtout par sa postface.