Ayant toujours éprouvé une certaine attraction pour les tirages aléatoires, je ne pouvais que tester à nouveau le générateur de scénarios de Gianni. Mais pour ce second essai, j’avais décidé de (tenter de) m’imposer un critère supplémentaire, pour voir ce que ça donnerait : suite au résultat du premier tirage, je devais choisir à quel JdR (ou contexte de jeu) le scénario ainsi créé serait destiné.
Premier tirage : Beanstalk, pour 2300 AD, p 8 : il n’y a que deux PNJ nommés sur la page (à moins d’inclure la femme qu’on voit sur l’illustration ; après tout, il n’était nulle part indiqué qu’on devait se restreindre au texte des ouvrages), donc je choisis le professeur Hans Geiger, le concepteur de l’ascenseur orbital de Beta Canum Venaticorum.
Du coup, comme c’est un PNJ lié au contexte de 2300 AD, ce sera un scénario pour 2300 AD. C’est un contexte assez typé, voire « fermé », j’ai peur d’avoir du mal à obtenir quelque chose d’utilisable. Voyons ça :
Deuxième tirage : GURPS Magic 2nd edition, p 85. Ça va mal : non seulement le bouquin me semble a priori incompatible avec 2300 AD, mais la page 85 est une page de règles : pas la queue d’un endroit évoqué, à part un cours d’eau dans l’exemple en marge. Allons y pour un cours d’eau…
Troisième tirage : GURPS Horreur (la V.F., donc), p 85 aussi… Les dés avaient pourtant roulé ! Allons y pour une toffer (soit, nous explique le traducteur, une « call-girl hors de prix » dans le Londres victorien).
Quatrième tirage : Tripwire, pour Rikki-Tikki-Traveller, p 67. Bon alors là, justifier la présence dans un même scénar d’un PNJ issu de 2300 AD avec un autre tiré de l’OTU, ça va être costaud… Sauf si je choisis the security guards.
Cinquième tirage : Pavis Glorantha de chez Multisim pour HeroWars, p 68. Encore plus costaud à justifier dans le contexte de 2300 AD… On est dans « le quartier des fermiers » (qui est en particulier celui du marché), donc pourquoi pas après tout, c’est suffisamment neutre.
Sixième tirage : Le tournoi des félons, pour L’Œil Noir, p 61. La page nous parle du concours des bardes (avec tours de magie et acrobaties, entre autres).
Résultat :
Le professeur Hans Geiger demande aux PJ d’aller au cours d’eau pour ramener une call-girl hors de prix. Les PJ devront affronter les gardes de la sécurité dans le quartier des fermiers. Un élément majeur du scénario sera le concours des bardes.
Résultat lissé :
À Première, la capitale du continent français de Beta Canum Venaticorum, située à proximité de l’ascenseur orbital, le professeur Hans Geiger demande aux PJ de se rendre dans un quartier situé en bordure du cours d’eau qui traverse la ville (cours d’eau qui ne figure pas sur les planisphères publiés dans la gamme, mais ceux-ci ne sont guère détaillés) pour en ramener une call-girl hors de prix. Ce sera jour de marché (avec un grand concours d’amuseurs publics : comédiens de rue, prestidigitateurs, jongleurs, ventriloques), et les PJ devront affronter la police municipale.
Reste à déterminer pourquoi Geiger, dont on nous a pourtant précisé que : « Never again, he vowed, would he let himself play the fool for a woman » (Beanstalk p 16) tient tant que ça à ce qu’on lui ramène cette call-girl. Il est fort probable que ce ne soit pas une simple histoire de fesses. Il est tentant (mais un peu trop facile, peut-être) d’en faire une espionne qui aurait dérobé des secrets d’ingénierie en séduisant un des subordonnés du professeur, mais ça serait sous-entendre qu’elle ne veut pas qu’on la ramène ; alors qu’au contraire, elle a peut-être été enlevée par une tierce partie et le professeur envoie les PJ la délivrer… Bref, y a des possibilités de développement variées.
Ceci dit, une fois encore, le générateur de scénarios a fonctionné correctement. Bien évidemment, ça a nécessité un peu d’imagination, mais le résultat obtenu est parfaitement exploitable.
Encore une fois, je suis bluffé.
Je vais faire un troisième essai sous peu, avec une contrainte différente mais plus contraignante. Mais pour l’instant, le seul reproche que je peux faire à la méthode est qu’à la longue, c’est quand même toujours « allez là-bas me récupérer un objet / une personne », ce qui n’est pas très varié comme modèle de scénario. Mais même là dessus, je pense qu’on peut en se creusant un peu la tête arriver à obtenir des variations sans modifier le générateur.
Reste qu’un générateur amélioré qui proposerait par exemple le choix entre six (par exemple) « articulations » différentes des éléments tirés au sort (allez me chercher ça, sortez moi vivant de ça, échappez à ça, rendez vous là, résolvez ce mystère, etc…) serait encore meilleur… à condition que les différentes articulations fonctionnent aussi bien que celle-ci.