Je reviens au Giannirateur avec quelque chose que je voulais faire quasiment depuis mes tous premiers tests : un tirage restreint à des suppléments à thème scolaire ou universitaire, dans l’intention d’obtenir quelque chose d’exploitable dans le contexte de Buffy (exercice purement théorique puisque je ne fais pas jouer dans ce cadre). J’ai retenu une demi-douzaine de titres (j’aurais pu en inclure plus, mais j’ai volontairement laissé de côté des choses comme Operation Morpheus (où l’université ne fonctionne plus), Worminghall (médiéval, et pas vraiment universitaire qui plus est) ou School Days 2100 (ce sont des ados scolarisés certes, mais on ne nous parle pas vraiment de l’établissement où ils le sont) ; déjà, School of Hard Knocks était une inclusion bien limite).
Action : 1 : aller chercher (récupérer, s’emparer de, enlever, ramener, acheter).
Motivation :12 : adrénaline (se dépasser, accomplir un exploit, etc…).
Premier tirage : School of Hard Knocks, pour GURPS Supers, p 23 : assistant.
Deuxième tirage : Starfleet Academy, pour Star Trek TNG, p 38 du Narrator’s Guide : the science station.
Troisième tirage : GURPS Illuminati University, p 91 : vampire squirrels (c’est un scénar pour Buffy, rappelons le).
Quatrième tirage : Miskatonic University, pour Call of Cthulhu, p 109 : head of the department [of engineering].
Cinquième tirage : GURPS Illuminati University, p 34 : advanced courses for undergraduate majors or low-level grade students.
Sixième tirage : GURPS Illuminati University (encore !), p 46 : la page est presque remplie par une illustration de Phil Foglio représentant une sorte de forum des associations… Après moult hésitation, je choisis church of morons (non, je n’ai pas oublié une lettre !).
Résultat :
Un assistant amène les PJ à se rendre à la station scientifique pour aller y chercher des écureuils vampires. Motivés par l’adrénaline, les PJ seront gênés par le responsable du département d’ingénierie dans des cours de haut niveau pour étudiants de deuxième année. Un élément majeur du scénario sera l’église des crétins.
Qu’est ce qu’on peut faire de ça ?
D’abord, il faudrait savoir dans quel type d’établissement sont scolarisés (ou travaillent) les PJ : dans quel pays, à quel niveau d’études, et accessoirement, quelles matières enseignées ? Je connais mal le système scolaire et universitaire américain (et dans le fond, à peine mieux le système universitaire français, sans compter que les choses ont dû pas mal changer depuis mon époque), donc je vais rester dans les grandes lignes : si on prend comme élément de référence un lycée français, l’assistant serait plutôt un préparateur ; si on est à un niveau universitaire, c’est probablement un thésard qui anime des TP. Dans tous les cas, c’est lui (ou elle) qui, au détour d’une conversation (qui ne leur était pas forcément destinée mais dont ils ont capté une partie : à la table d’à côté au restau U, à la cafète, dans un couloir, au Bronze, ou ailleurs), apprend aux PJ l’existence, dans un petit bâtiment annexe (labo) dépendant d’un département scientifique, d’écureuils utilisés pour des expériences. Les PJ décident de s’emparer de ces écureuils, à la fois par défi (qu’est ce qu’on peut faire comme conneries à ces âges là) et pour les soustraire à leurs « bourreaux » (car dans l’imagination des PJ, et sans doute de la plupart de leurs camarades de classe / promotion, qui dit expériences sur des animaux dit vivisection et souffrances inutiles, gratuites, voire cruelles).
Ce que les PJ ignorent, c’est que ces écureuils sont étudiés dans ce labo pour une raison très particulière : ils ont été vampirisés (par un vampire trop sensible pour boire le sang des humains ? par un vampire désireux d’avoir des animaux de compagnie qui survivront au passage des siècles ?). Évidemment, les enseignants-chercheurs qui s’intéressent à ces charmants Rongeurs (capturés sur le parc du campus) ne le savent pas : ils ont simplement remarqué que les écureuils avaient un comportement pour le moins particulier (ils s’attaquent aux passereaux et aux micromammifères pour les saigner), et là réside le motif de leurs recherches. Les écureuils sont dans des cages situées dans une salle sans fenêtre et éclairée seulement par des néons (ce n’est pas une volonté particulière des chercheurs de les soustraire à la lumière du Soleil (qui leur serait fatale), mais la conséquence de l’agencement du bâtiment). Bien entendu, le fait que les écureuils soient vampires risque de créer des complications (et des risques) pour les PJ (il est d’ailleurs à craindre qu’au moins quelques-unes de ces charmantes bestioles parviennent à échapper à leurs libérateurs et ne retournent à leur liberté, provoquant le début d’une « épizootie » vampirique parmi les animaux des environs, ce qui pourrait être lourd de conséquences, et très difficile à enrayer par la Tueuse et ses comparses, qui auront sans doute besoin de moyens lourds et de l’aide des autorités ; mais ceci est un (ou plusieurs) autre(s) scénario(s)).
Le (ou la) responsable du département d’ingénierie est un professeur sévère et redouté, non seulement dans ses cours, mais également dans les couloirs de l’établissement. Si un ou plusieurs PJ suivent ses cours, la gêne prévue par l’intrigue sera directement liée à cet enseignement (horaire du cours déplacé au moment prévu pour l’intrusion dans le labo (et bien entendu, ce cours là est fondamentalement important dans le cursus et ne doit surtout pas être séché), examen, colle ou partiel important à préparer (imposant de faire un choix crucial entre réussir son année ou aller piquer les écureuils du labo), etc…). Sinon, il animera une séance de TP en petit groupe qui exceptionnellement se déroulera dans une des salles du labo (sa salle habituelle étant déjà prise, il a dû se rabattre sur celle-ci qui était libre) juste quand les PJ voudront s’y introduire (ou, si c’est en dehors des horaires d’enseignement, il se trouvera dans le bâtiment à mettre en place lui-même (ou à ranger) le matériel pour le TP, sera resté dans la salle pour y corriger des copies, ou autre raison).
Il nous reste l’église des crétins. Bien évidemment, ce n’est pas son nom : c’est une secte (non reconnue comme telle par les autorités pour le moment) qui fait de la retape sur le campus, et qui a été surnommée ainsi par les étudiants en raison du fait que les malheureux convertis sont peu à peu « lobotomisés »). Cette secte pourrait se trouver dans les pattes des PJ à plusieurs reprises : elle pourrait s’être fait prêter une salle dans le bâtiment du labo pour une réunion de présentation / recrutement, voire pour une cérémonie ; un ou plusieurs PNJ majeurs du scénar pourraient en être membres ; ou elle pourrait simplement avoir un effet « comique de répétition » en tentant de convertir les PJ à plusieurs reprises pendant le scénario. Mais si les écureuils ont été vampirisés pour servir d’animaux de compagnie (et non de nourriture), le vampire qui les a « créés » pourrait aussi avoir infiltré la secte (se servant des fidèles comme de garde-manger) ; et comme il voudrait en plus récupérer ses petits compagnons à fourrure, on comprend facilement qu’il s’agisse d’un élément majeur du scénario…
C’est pas mal, comme résultat…
Fnord !
Cela étant dit, et n’ayant lu de A à Z que quelques-unes de tes applications de ce générateur, je pense pouvoir affirmer sans que ça ne pose de problème à personne (sinon peut-être à toi) que le résultat doit bien plus à ton talent qu’à l’outil lui-même.
Je ne dis pas le contraire (même si je n’aurais pas employé le terme « talent »).
Mais je constate que c’est un outil très intéressant, et que si pour l’instant je ne fais que m’amuser avec (car il y a tout un côté ludique dans l’affaire, à prendre les éléments et à les tourner pour les assembler en un scénar utilisable), il me parait vraiment exploitable pour pondre des scénarios à faire jouer.
Le présent exemple le montre bien, c’est à mes yeux un scénar presque écrit et parfaitement jouable.
C’est ce qui fait la différence entre le Giannirateur et tous les autres générateurs de scénarios que j’ai testés ; et aussi, entre se dire « qu’est ce que je vais bien pouvoir imaginer pour le prochain scénar que je vais faire jouer ? » et sécher lamentablement devant une feuille blanche pendant des heures, et passer ces mêmes heures à agencer des éléments pour en faire un scénar exploitable.
Bref, comme je le disais en titre du billet où j’ai pour la première fois parlé du Giannirateur au début du mois, « Finie l’angoisse de la page blanche ! ». :-)