Ça a plutôt tendance à les agacer, à faire passer à leurs yeux l’auteur pour un pédant présomptueux, et à leur faire continuer leur lecture dans d’assez mauvaises dispositions.
Et c’est encore pire quand ça arrive tout au début d’un bouquin, genre dans la première phrase du premier chapitre.
C’est pourtant ce qui vient de m’arriver avec Homo disparitus, d’Alan Weisman, qui ouvre ainsi son chapitre premier :
Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de la Bialowieza Puszcza.
Raté, bonhomme, et même lourdement raté. La forêt primaire de Bialowieza, j’en ai entendu parler depuis que je suis tout gosse. Et si je veux bien admettre que je suis peut-être un cas, sinon extrême, du moins particulier, elle me semble être relativement connue.
Moi, je n’avais pas entendu parler. Maintenant si. Mais je suis un cas Lambda, pas un cas extrême :)
Je n’en avais jamais entendu parler et ni la formule, ni le procédé ne me choquent, surtout dans un bouquin qui est tout de même plus vulgarisateur qu’académique.
(Jamais avant d’avoir lu le bouquin, s’entend; je l’ai lu il y a quelques années déjà.)
Y a d’autres formules plus « modestes » pour ce genre de procédés, genre « Peut-être avez vous déjà entendu parler de […] » ou « Connaissez vous […] ? ».
J’ai des critiques à faire sur la traduction, mais je ne pense pas que ceci soit à imputer au traducteur.
(mais bon, dans le fond, c’est normal que ça ne te choque pas : tu écris bien Auteur avec une majuscule quand il s’agit de toi ! ;-) )
Étant moi-même un pédant présomptueux, j’ai horreur de ce genre de procédé.
La version anglaise me semble un peu moins péremptoire : « You may never have heard of the Białowieża Puszcza. »
Et de fait, je n’en ai toujours pas entendu parler ayant promptement oublié de quoi il s’agissait. :)
La majorité des non-naturalistes et des non-Polonais/Biélorusses doivent être dans le même cas, non ?
En revanche, je me souviens avoir voulu utiliser After Man de Douglas Dixon comme un Manuel des Monstres et pour les cartes…
OK. J’aime mieux ça.
La faute incombe donc au traducteur, ce qui fait une pièce de plus à verser à son dossier (jusque là plutôt rempli de mauvaises traductions de termes moyennement pointus, voire pas pointus du tout).
> Et de fait, je n’en ai toujours pas entendu parler ayant promptement oublié de quoi il s’agissait. :)
La forêt primaire de Bialowieza est la dernière « forêt vierge » d’Europe.