Depuis des années, mon équipe est gérée par un règlement intérieur carré et qui a fait ses preuves.
En fin d’année dernière, le siège m’avait demandé d’élaborer un nouveau règlement, selon un modèle uniformisé, et qui serait validé et signé par la direction. J’avais pondu une ébauche de brouillon, puis, comme on me pressait de rendre quelque chose rapidement, j’avais transmis mon brouillon : après tout, ça fait à peu près depuis mon entrée dans la boutique aux premières heures du siècle que j’entends parler de ces fameux règlements validés par le siège, alors quelle importance…
Avant-hier (soit plusieurs mois plus tard), le service du personnel nous envoie, à mon adjointe et à moi, la proposition de règlement, en nous demandant de faire remonter nos éventuelles remarques, de préférence avant ce soir. Quelque peu débordé, je n’ai pas pris le temps de consulter la pièce jointe, présumant qu’il s’agissait de mon brouillon remis en forme. Jusqu’à ce que mon adjointe me demande ce matin si j’avais répondu.
Là, j’ai ouvert la pièce jointe, et j’ai commencé à la lire. Et ça m’a très vite gonflé, car non seulement mon brouillon a été abondamment remanié, mais certaines des mentions figurant dans cette proposition de règlement intérieur sont contraires à ce que j’avais écrit (une au moins revient sur un point âprement négocié il y a quelques années pour éviter les dérives liées au temps de vestiaire, comme j’en avais à l’époque parlé ici-même ; et plus amusant, une autre me fixe des horaires précis : je n’ose imaginer le bordel que ce serait si je les respectais, au lieu d’adapter mes horaires aux nécessités du service ; mais si jamais on me gonfle trop avec ce règlement à la con, je vais finir par les prendre au pied de la lettre, ces horaires, et tant pis si c’est le bordel qui en découle).
Bref, tout ça me donne l’impression que la direction essaie de nous empapaouter en douce. J’ai déjà fait savoir que le texte proposé ne me convenait pas, mais que je ne transmettrai pas mes observations avant la semaine prochaine (le problème étant de trouver le temps d’étudier de près le document pour y relever tout ce qui ne va pas, ce que je n’aurai en théorie pas le temps de faire avant vendredi prochain ; or je vois bien la direction, après avoir laissé moisir ces projets de règlements pendant des années, piaffer d’impatience et me demander une réponse en urgence).
Et tout ça, alors qu’on a actuellement un règlement fonctionnel et donnant toute satisfaction… Ou comment foutre en l’air une organisation efficace en l’inféodant à une paperasse inadaptée (on se plaint beaucoup, moi le premier d’ailleurs, de la façon dont l’informatique nous contraint à nous adapter à elle alors que ça devrait être à elle de s’adapter à nous : mais la bureaucratie est la preuve vivante qu’il n’y a pas besoin d’informatique pour se créer des contraintes à la con).
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Le principe « Hurry up and wait » est commun à toutes les administrations.
Encore un billet qui a de troublante similitude avec ce que j’ai rencontré un peu partout (et je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi sur l’informatique, mais c’est une autre et vaste sujet).
Quand on te dit « le logiciel n’est pas capable de s’adapter à votre travail, c’est à vous d’adapter votre travail au logiciel » (voir l’exemple de la pointeuse dont j’ai déjà parlé sur cet écran), je maintiens que c’est bien l’informatique qui nous crée des contraintes à la con.