Expert, c’est comme journaliste à la radio…

Suffit d’avoir un micro devant soi pour prétendre à ce titre.
J’en veux pour preuve l’émission écoutée ce soir sur Transes-Infos (radio dont ça fait longtemps que j’ai constaté qu’elle n’avait plus de journalistes, mais des animateurs radio qu’on affuble de ce nom et qui ne sont bons qu’à déchiffrer plus ou moins laborieusement le papier qu’on leur a préparé, faire passer des radio-trottoirs pour des reportages de fond, servir la soupe et/ou passer la brosse à reluire aux gens qu’ils passent à l’antenne, et surtout s’abstenir de toute tentative d’analyse d’un sujet (remarquez, finalement, vues les capacités dont ils font preuve, ça vaut ptêt mieux) ou question qui pourrait fâcher un puissant (qu’il soit politocard, riche, ou les deux)), émission consacrée à la crise qui frappe les éleveurs. Outre l’animateur, il y avait deux intervenants, que je croyais choisis pour leur compétence et leur maîtrise du sujet : l’un des pontes du syndicat agricole hégémonique, et un autre type bossant si ma mémoire est bonne dans un cabinet de consultants et présenté comme un spécialiste de l’agro-alimentaire (en gros).
La conversation en vient à aborder le sujet de la main d’œuvre dans les abattoirs, et on nous explique alors que les abattoirs allemands sont plus compétitifs que les français pasqu’ils peuvent faire appel à des travailleurs roumains, bulgares ou polonais, payés moins cher que la main d’œuvre locale. Et l’animateur de demander au spécialiste si ça pourrait être une solution en France.
Je ne me souviens plus précisément de la réponse du prétendu spécialiste. Mais elle a été à des lieues de ce que j’attendais de la part d’un vrai spécialiste du sujet. À savoir une réponse qui aurait commencé par préciser deux points me paraissant fondamentaux (et je ne suis pourtant pas un spécialiste du sujet, même si j’ai quelques connaissances) : d’une part, le recours à une main d’œuvre venue d’Europe de l’est et revenant moins cher à l’industriel qui l’emploie est parfaitement possible en France, comme ailleurs dans l’Union Européenne : c’est le fameux plombier polonais de la directive Bolkestein. Et d’autre part, des ouvriers d’abattoir roumains travaillant en France, c’est quelque chose qui se pratique déjà, depuis plusieurs années, de façon banale.
Deux points qu’ignore visiblement ce fameux spécialiste.
Je devrais ptêt songer à me reconvertir à la radio, moi…

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