Le principal problème des contextes de SF futuristes (et tout particulièrement en JdR), c’est que leur technologie vieillit en général très mal. Certains objets qui semblaient être de la superscience lorsqu’ils ont été décrits il y a quelques décennies font désormais préhistorique à côté de ce dont nous disposons aujourd’hui (un exemple classique parmi tant d’autres est les ordinateurs gigantesques des vaisseaux spatiaux de Space Opera ou de Traveller, conception des années ’70 totalement dépassée depuis deees années), alors que d’autres semblent devoir rester du domaine du rêve.
C’est d’autant plus gênant en JdR, quand on joue en campagne sur plusieurs années du monde réel et qu’on voit la technologie de la vie courante rattraper puis dépasser ce dont disposent les persos. Je me suis déjà fait à de multiples reprises la réflexion que l’équipement dont disposent les persos d’une campagne de Traveller débutée il y a plus de dix ans est dans certains domaines désormais grossièrement équivalent à ce dont disposent désormais les joueurs eux-mêmes, entre smartphone et caméra go-pro.
Alors, les contextes de SF futuristes sont ils tous condamnés à l’obsolescence plus ou moins rapide ? Pas forcément, car pour peu qu’on admette quelques postulats de base, je pense avoir trouvé l’ébauche d’une solution (ébauche qui va rejoindre ma tripotée d’idées rôludiques à développer un jour si j’en trouve le temps d’ici à la fin de mon existence ici-bas).
Cette solution n’est pas applicable pour tous les sous-genres de SF : elle ne convient pas pour de la hard science se basant sur une prospective sérieuse, et elle est inutile pour de la SF « rétro » simulant les textes des années ’30 à ’50 (voire plus tard). Mais pour de la SF interstellaire avec une technologie tendance hard science et aux capacités relativement limitées, j’ai donc une solution.
Plutôt que de s’évertuer à toujours vouloir garder une longueur d’avance sur le progrès technologique de notre monde réel, j’ai l’idée de développer un contexte dans lequel l’essentiel des objets technologiques disponibles aurait peu ou prou les mêmes capacités que ce dont nous disposons actuellement. La technologie dans ce contexte évoluerait donc au même rythme que la nôtre.
Tout ça n’est pas très SF, me direz vous sans doute. C’est pourquoi, outre cette technologie « moderne mais banale », il y aurait quelques domaines « très avancés » (dans lesquels on peut « espérer » que la réalité ne rattrape pas de sitôt la fiction) : par exemple, si l’on part sur un contexte space opera, des vaisseaux spatiaux capables de se déplacer plus vite que la lumière et disposant de gravité artificielle. On peut ajouter à ça tous les éléments qu’on souhaite, selon le degré de « futurisme » désiré : des armes énergétiques portatives (genre laser ou fusil à plasma), des champs de force, des rayons tracteurs, une technologie médicale permettant la régénération rapide, etc… Mais pour tout le reste, on jouerait des humains « normaux » (évidemment, on peut aussi ajouter des ET), avec une technologie que nous connaissons ; ce qui facilitera l’identification aux persos et la représentation mentale de ce qui se passe dans la partie.
D’ailleurs, dans le fond ce concept n’est pas si différent de ce qu’on voit dans un paquet de classiques de la SF filmée, de Star Trek à Firefly…
Toutefois, je pense que ce genre de SF parlera surtout à ceux pour qui la technologie actuelle était encore de la science-fiction il n’y a pas si longtemps ; disons, ceux qui ont connu les années ’70 (ou plutôt, comme le progrès va continuer à faire évoluer les objets qui nous entourent, ceux qui ont trente-cinq ans bien tassés).
Je le dis souvent, en citant Cory Doctorow, mais la science-fiction parle du présent, pas de l’avenir.
Doctorow est loin d’être le premier à faire ce constat…
J’ai peut-être enfin compris pourquoi je n’aimais pas les jdr de SF :-)