Laelith
La ville mystique
trente auteurs différents, sous la houlette de Jean-Marie Noël
ISBN : 978-2-36328-256-9
BBELAEL01
© Black Book Éditions, 2020
552 pages
Troisième version de la ville med-fan’ Laelith
Le bouquin a de la classe, avec deux rubans signets, mais la police de caractères italiques et celle employée dans les marges sont trop petites pour être confortablement lisibles (ne parlons pas des italiques en marge…), et surtout, il y a les illustrations en couleurs, qui pour moi sont trop « pompières » pour la plupart (certaines sont aussi franchement laides) (bon OK, y en a aussi quelques-unes qui sont chouettes, principalement celles qui s’étalent sur deux bas de page au début des chapitres) et n’évoquent que très rarement Laelith. Il y a bien quelques illustrations au trait, mais elles sont bien loin de valoir ce qu’aurait pu faire un Rolland Barthélémy, ou même un Didier Guiserix…
Du fait de son volume, le bouquin est lourd, encombrant et pas vraiment maniable (et l’absence d’index n’arrange rien).
Certaines inspirations parfois un peu trop visibles (sans déconner, les machins plaqués sur Sherlock Holmes, on n’aurait pas pu faire un petit effort pour les laelithiser un peu mieux ?).
Côté fond, la chronologie a été avancée de trente ans par rapport à la version originelle (celle de Casus Belli n° 35, reprise dans le hors-série n° 2 ; la version de « Casus Belli » deuxième époque a été décanonisée, ce qui ne me dérange absolument pas). On passe donc de 986 à 1016 ou 1017. Trente ans, c’est pile la durée du règne du roi-dieu Teaphanerys XIV, qui vient de décéder, laissant la place à Nin Ier, précédemment grand-prêtre du temple du Nuage sous le nom de Mitrias. Et en trente ans, bien des choses ont changé : il y a eu des tas de décès, des enfants qui ont succédé à leurs parents, des bâtiments construits ou démolis, etc… (et Trevelian n’est plus du tout ridicule ou risible).
Le bouquin commence par quelques généralités sur Laelith (étonnamment muettes sur certains sujets, pour lesquels il faut se référer à d’autres chapitres de l’ouvrage, ce qui est à la fois dommage et pénible ; par exemple, pour savoir comment sont organisées les forces de l’ordre, il faut attendre la description d’un poste de garde de la Terrasse de la Prospérité, page 240, sans que l’intro ne l’indique à aucun moment ; donc pendant des pages, on nous parle de rahel sans jamais nous expliquer ce que c’est (un capitaine des gardes) : c’est franchement regrettable pour ceux qui ne connaissent pas la deuxième version de la première édition, où ce terme apparaissait). Il présente les différents Rois-Dieux qui se sont succédé sur le trône, les lithos (qui sont l’un des secrets de la ville, et qui ont été très nettement science-fictionnisés), puis on passe aux différentes Terrasses, en commençant, non plus par la Chaussée du Lac, mais par la Main qui Travaille, puisque c’est par là qu’arrivent les pèlerins qui se sont farci l’ascension de la falaise de Vorn.
Pour chaque Terrasse (et pour le Cloaque), un scénario est fourni (il y en a donc sept au total, qui ne font en principe pas référence au moindre système de règles). Dans l’ensemble, ils sont corrects, voire mieux.
Pour la Terrasse du Châtiment et pour le Cloaque, il y a en plus un scénario solo (soit neuf pages de gaspillées…).
Après le Cloaque, on a un chapitre qui décrit les quatre temples de la ville. Il est suivi d’un chapitre sur les hors-ville (contre-intuitivement, c’est là qu’est présentée la Faille qui coupe Laelith en deux, et l’Inlam qui coule au fond, deux éléments qui pour moi sont justement en pleine ville ; mais pour le reste, ça cause du lac d’Altalith, de ses alentours, et des six provinces du lac des Hautes Eaux). Les alentours de Laelith et les bords du lac d’Altalith ont été décrits en détails (par contre, sur les Six Provinces il n’y a quasiment rien, ce qui me semble regrettable, bien qu’elles n’aient pas vraiment été à mon goût à l’époque).
Après tout ça, on a un dernier chapitre de « secrets » (une ou plusieurs pages qui viennent compléter chacun des chapitres précédents, sauf celui d’intro). Ces éléments auraient tout aussi bien pu être collés à la fin de leurs chapitres respectifs : ç’aurait été beaucoup plus simple pour le MJ, qui là découvre en arrivant à la fin de l’ouvrage qu’il y avait des secrets (OK, c’est vaguement mentionné dans l’intro) et que tel ou tel truc n’était en fait pas ce qu’il paraissait. Je rappelle qu’il n’y a pas d’index, aucun moyen de deviner qu’il y a quelque chose en plus sans se farcir l’intégrale du bouquin (et s’en souvenir le moment venu) : ça n’est absolument pas pratique.
Le bouquin se termine sur quelques mots des auteurs, historiques ou actuels, de Laelith.
Trente auteurs différents ont officié sur le bouquin, et ça se sent parfois : il y a des contradictions (généralement mineures, mais parfois commises sciemment, ce que je trouve lamentable), des redites.
Certains détails de l’ancienne Laelith ont disparu au passage. Pour certains ça n’est pas gênant, pour d’autres on voit nettement que certains rédacteurs (et j’en fais partie) comptaient sur leur présence et s’en sont servis. Pour ceux qui connaissaient l’ancienne Laelith, ça n’est pas un problème, mais pour les néophytes ça ne doit pas être la même chose. Par exemple, le terme arachnien est employé à deux reprises, sans que l’ouvrage n’explique jamais de quoi il s’agit.
Malgré les quelques problèmes mineurs relevés (et surtout l’absence d’index), c’est un ouvrage vraiment bien rempli, qui développe Laelith de façon magistrale. La ville prend une toute autre dimension, une sacrée profondeur (évidemment, le volume de la bête aide). C’est un investissement indispensable pour tous les amateurs de Laelith, et il entre dans mon top 5 nouveautés.