Je l’fouille ! ! !

Je me suis souvent défini comme un amateur de contextes fouillés en JdR. J’apprécie les cadres de jeu détaillés et cohérents. Et pendant longtemps, j’ai cité entre autres exemples de ce type d’univers Glorantha. Jusqu’à ce que je finisse par en faire une overdose, comme je l’ai déjà expliqué sur cet écran.
Cette overdose, et surtout le dégoût viscéral qu’elle a suscité, était inattendue pour moi, et m’avait vraiment surpris. Mais j’ai fini par comprendre en partie d’où elle venait : il y a contexte fouillé et contexte fouillé, et tous ne se valent pas.

Car en réalité, tous les contextes détaillés et cohérents ne sont pas comparables : il en existe deux types différents (et plus ou moins opposés), que j’appellerai « contextes immersifs » et « contextes dispersifs » (je ne suis pas forcément satisfait du second terme, mais il a l’avantage d’être construit sur le même modèle que le premier).

Dans un contexte immersif, la vie quotidienne, les us et coutumes, de la civilisation dont font partie les PJ, sont abondamment décrits, comme si le but était de jouer de façon crédible le rôle d’un membre de cette société.
On peut classer parmi les contextes immersifs tous les contextes historiques, mais aussi Glorantha version HeroWars / HeroQuest.

À l’opposé, dans un contexte dispersif, l’accent est mis sur la description des lieux, des situations politiques, de l’écologie, etc… ; comme si le but était d’explorer le monde dans lequel évoluent les PJ.
Appartiennent entre autres à cette catégorie la plupart des contextes cohérents de SF (de l’OTU à la Poséidon de Blue Planet), mais aussi les contextes développés pour AD&D, ou encore Glorantha version RuneQuest. En fait, on pourrait dire que cette catégorie rassemble la plupart des contextes fouillés non historiques.

Les contextes dispersifs sont non seulement plus nombreux que les contextes immersifs, mais aussi plus faciles à appréhender. En effet, ils ne demandent de la part des joueurs qu’un effort modéré : seul le MJ a besoin de bien les connaître, les joueurs pouvant souvent se contenter de les découvrir au fur et à mesure que leurs personnages les explorent. Par contre, les contextes immersifs sont plus délicats à mettre en œuvre, car les joueurs doivent y fournir l’effort d’assimiler les coutumes de la société dans laquelle leurs personnages évoluent ; ce qui peut se faire en partie par la découverte au fil du jeu, certes, mais ce qui nécessite quand même un effort hors-jeu souvent non négligeable (et d’autant moins négligeable que le contexte est fouillé).
Bien sûr, on pourrait se dire qu’une connaissance superficielle des us et coutumes suffit pour utiliser un contexte immersif ; et c’est même vrai dans certains cas. Mais cela dépend, non pas du contexte lui-même, mais des aspirations des différents membres de la tablée : car si les uns se contentent d’une immersion superficielle alors que d’autres cherchent à jouer leur rôle « à fond », les seconds seront frustrés par le « manque d’implication » des premiers, tandis que les premiers risquent d’être agacés par les exigences et les pinaillages des seconds.

Il convient donc d’être prudent lorsqu’on réunit une tablée de joueurs se revendiquant comme amateurs de contextes fouillés : car selon qu’ils seront immersifs ou dispersifs, ils n’auront pas les mêmes attentes et aspirations. Certes, le biclassage est possible, mais je ne suis pas convaincu qu’il soit très répandu.
Et pour ma part, j’appartiens sans contestation possible à la catégorie des dispersifs.

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2 réponses à Je l’fouille ! ! !

  1. Régis dit :

    Très bonne réflexion. Si ce post était en anglais, je proposerai de le traduire :)

  2. Ping : Pas d’immersion dans l’exotisme | imaginos

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