Générateur bondien

Un générateur de scénarios tel que le Giannirateur V 3.2 est un outil qui me donne personnellement toute satisfaction, car il correspond à la façon dont je conçois mes scénarios : une situation de départ bien définie, des lieux, éventuellement une suite prévue d’évènements (indépendamment des actions des persos, qui peuvent évidemment ne pas se contenter d’être spectateurs), une implication des PJ, et je les lâche dedans en voyant comment les choses évoluent.
Mais pour ceux qui aiment avoir des scénarios plus construits, avec une succession de scènes, une montée de la tension dramatique, et souvent en corollaire une certaine linéarité, l’outil peut se révéler insuffisant. Un résultat plus structuré, du genre de celui que produit le générateur campbellien, leur conviendra donc mieux ; ou tout au moins, moins mal.
Pour les MJ de ce type, j’ai commencé à cogiter sur une variante du principe du Giannirateur, que j’appellerai générateur bondien car il est dans un premier temps conçu pour donner des scénars structurés plus ou moins à la manière d’un film de James Bond. L’outil est probablement exploitable vers d’autres contextes, moyennant un peu d’extrapolation. Dans un deuxième temps, j’envisage d’ailleurs de proposer une autre variante, soit conçue sur le même modèle mais plus « générique », soit conçue sur un principe légèrement différent ; mais ça sera pour une autre fois.

Le JdR James Bond 007 proposait déjà un système de création aléatoire de scénarios, dans le supplément For Your Information (pp 13 / 16 ; en V.F., Pour votre information, pp 12 / 15). Plus simple que le Giannirateur, il utilisait des tables qui pourront être recyclées ici.

Le générateur bondien dans sa présente version est une version de travail qui n’a pas vraiment été testée et nécessitera probablement quelques réglages et finitions.

Le principe du générateur bondien est de produire des scénarios structurés en cinq parties, à peu près sur le modèle d’un film bondien standard : une séquence prégénérique, trois actes (I, II et III) et un final (bien qu’il n’ait pas été conçu au moyen d’un générateur, le scénario Opération : Foudre et Tonnerre est structuré de cette façon).

La séquence prégénérique n’a pas réellement de rapport avec le reste du scénario, mais elle permet d’introduire un élément, une situation ou un personnage qu’on retrouvera par la suite. Elle est courte et dynamique.
Dans l’acte I, les PJ se voient confier leur mission (par M, en principe) et, en l’accomplissant (ou du moins, en essayant de l’accomplir), découvrent l’existence d’une machination plus complexe et plus grave qui les amène à devoir changer de mission pour la contrecarrer.
Dans l’acte II, les PJ sont confrontés à forte partie, subissent un revers et semblent en voie d’être défaits.
Dans l’acte III, les choses s’emballent et les PJ sont en position de reprendre le dessus.
Dans le final, (idéalement) les PJ viennent à bout du grand méchant en déjouant son plan machiavélique, et doivent si possible le faire dans un temps limité.

À l’exception du briefing de mission qui se passe généralement à Londres, chacune de ces cinq parties (que nous appellerons désormais des tranches afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté) se déroulera dans un cadre différent. Il faudra donc pour chacune d’elles déterminer un Pays (ou éventuellement, une Ville, par exemple en utilisant la table fournie dans For Your Information) ; puis un Type de lieu (qui peut être un bâtiment, en particulier si on a précédemment choisi une ville (là aussi, il y a une table dans FYI), un lieu extérieur, voire un moyen de transport) dans lequel se déroulera la scène majeure de la tranche concernée (généralement, l’affrontement (combat, poursuite, joute verbale, jeu de casino ou autre) avec l’Antagoniste). On peut utiliser la méthode classique du Giannirateur pour déterminer ces éléments, en procédant à des tirages dans des ouvrages choisis aléatoirement dans une liste appropriée.

Pour le prégénérique, il faut déterminer :
– le type de mission dont ont été chargés les PJ : on peut pour cela tirer sur la table des Actions du Giannirateur V 3.2, ou utiliser la table de FYI) ;
– le pays ou la ville, et le type de lieu ;
– l’Antagoniste ;
– l’Objectif ;
– l’Élément récurrent (qui fera le lien entre la séquence prégénérique et le reste du scénar).
Tout ceci se fait à la façon habituelle du Giannirateur.

Pour l’acte I, il faut déterminer :
– le type de la mission initialement confiée par M au début de l’acte ;
– le pays ou la ville où se déroule l’acte ;
– le type de lieu où se déroule la scène majeure de l’acte ;
– l’Objectif de la mission ;
– l’Antagoniste ;
– le type de la mission découlant des découvertes des PJ ;
– l’Antagoniste principal du scénario (= le « grand méchant » ou l’organisation derrière la machination découverte par les PJ) ;
– un Élément intéressant.

Pour les actes II et III et pour le final, il faut à chaque fois déterminer :
– le pays ou la ville où se déroule la tranche ;
– le type de lieu où se déroule la scène majeure de la tranche ;
– l’Antagoniste (en principe au service de l’Antagoniste principal) ;
– un Élément intéressant.
Si l’on veut coller un peu plus à la structure des films, on peut également déterminer un Allié qui vient à l’aide des PJ à partir de la fin de l’acte II ou plus tard, mais cela n’est souvent pas très approprié en JdR, où les PJ sont plusieurs et n’ont pas besoin qu’on les aide.

Il ne me reste plus qu’à procéder au premier test de ce générateur bondien.

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7 réponses à Générateur bondien

  1. Greg dit :

    Marrant, à l’époque je trouvais qu’un générateur de scénarios comme celui de PVI était vraiment un truc pipeau… mais avec un peu de travail, ça devient tout de suite beaucoup plus intéressant.

    • Imaginos dit :

      Le générateur de FYI est effectivement un peu court et un peu pauvre à mes yeux.
      Ce que je propose ici est beaucoup plus lourd et nécessite encore pas mal de boulot de la part du MJ (et accessoirement, n’en est pas inspiré), mais comme le Giannirateur comparé au générateur de CB n° 81, fonctionne à mon avis à peu près du moment que le MJ est conscient du fait qu’il lui restera un peu de boulot à faire.
      Comme pour le Giannirateur, le côté ludique du tirage et les réflexions qui naissent dès qu’on a obtenu plusieurs éléments à combiner permettent de développer assez facilement quelque chose.
      Bon, après, évidemment, je n’ai fait qu’un seul test car ça prend du temps (plus que pour utiliser le Giannirateur V3.2).

  2. Greg dit :

    Yes, le générateur de FYI est très pauvre dans son contenu mais ce que je voulais dire, c’est que L’IDÉE elle-même m’apparaissait absurde à cette époque (pareil pour l’aide de jeu de CB81, que j’ai toujours snobée). Il faut sans doute avoir pas mal de recul sur ce que c’est que d’écrire un scénario pour avoir l’humilité d’admettre qu’on ne fait, jusqu’à un certain stade, qu’appliquer des trucs, des recettes, ou que reproduire des structures. Une fois que tu admets ça, à savoir que la part de « génie » personnel est marginale, l’idée d’un générateur devient tout de suite moins absurde. Et au fond, les trucs de création de « donjons » qu’on trouvait à la fin du livret du maître dans les premières éditions de D&D n’étaient pas si pourraves que ça… On fait un peu la même chose (en plus « dynamique »), en remplaçant le symbole « porte secrète » ou « fontaine » par le tirage d’un Adversaire ou d’un Lieu.

    • Imaginos dit :

      Ah, je n’avais pas compris où tu voulais en venir.
      Moi j’aurais toujours été client d’un générateur qui fonctionne, je pense ; depuis un de mes premiers scénarios dont je n’ai jamais pu terminer l’écriture, faute d’inspiration.
      Après, je ne pense pas qu’on puisse vraiment comparer le générateur de dung’ des annexes du DMG (puisque je présume que c’est à ça que tu fais référence) et le Giannirateur : le machin de Gygax permet de créer un dungeon de A à Z uniquement avec des tirages aléatoires, certes (et au risque de certaines incohérences : j’ai fait un essai une fois pour voir dans une partie parodique où je créais le dung’ au fur et à mesure que les persos l’exploraient), mais il ne propose aucune intrigue, aucune histoire. Alors que le Giannirateur, contrairement à ce que les titres de mes billets pourraient laisser croire, ne te fournit pas un scénar tout cuit, mais te fournit des bases sur lesquelles tu vas (essayer de) développer ton intrigue.
      (enfin, effectivement le générateur de dung’ de Gygax n’est pas si pourrave que ça, mais il est tellement lent à utiliser qu’on va plus vite en créant son dungeon « à la main »)

  3. darckense dit :

    Ca pourrait être pas mal aussi pour certains scénario MEGA, ça. Du type de ceux ou les MEGA commencent dans le bureau du Major, et se retrouvent a devoir sauver le (voire les) univers…

  4. Ping : Application détournée du générateur bondien : un scénario clé en mains (ou presque) pour MEGA | imaginos

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